Les Monades urbaines de Robert Silverberg
Les portes ne sont pas fermées dans Monade 116. Nous ne possédons pas de biens personnels qui vaillent d'êtres gardés, et nous sommes tous socialement adaptés. La nuit, il est parfaitement normal d'entrer dans d'autres intérieurs. Ainsi, nous échangeons tout le temps nos partenaires ; en général ce sont les femmes qui restent chez elles et les hommes qui bougent, quoique cela ne soit pas impératif. Chacun de nous a le droit, à tout moment, de connaître n'importe quel autre membre adulte de notre communauté.
Les Monades urbaines, une solution radicale à la surpopulation. Des bâtimens de 3000 mètres de haut, abritant plus de 800 000 personnes chacune. L'espace gagnée grâce à ces structures collectives verticales permet d'utiliser la totalité des terres arables, la famine n'est plus qu'un souvenir légendaire. La population humaine compte désormains plusieurs de dizaines de milliards d'individus, la majorité dans les monades et une minorité au sein des communautés rurales en charge de l'agriculture.
Au sein des monades, la liberté sexuelle est la norme de même que la reproduction à outrance. Les habitants sont répartis par classe sociale, la plèbe en bas, l'élite en haut. Une structure pyramidale parfaitement équilibré, en apparence. Le système se maintient bon an, mal an grâce à une répression institutionnelle des plus féroces : tout individu qui sort de la norme est soit soumis à une rééducation chimique, soit recyclé...
C'est un système parfait. Etant historien, donc en position privilégiée pour étudier les documents de l'époque pré-monadiale, il se rend mieux compte que les autres de la perfection intrinsèque. Il connaît l'épouvantable chaos qui régnait auparavant. Les libertés horribles ; l'atroce nécessité d'avoir à choisir, l'insécurité. La confusion. Le manque de guidages. L'informité des contextes.
Pour illustrer cette société qui se dit parfaite, Robert Silverberg met en scène des personnages en rupture avec cette dernière. Perturbés pour la plupart, ils illustrent bien le fonctionnement de cette société, ses limites et surtout le conditionnement et l'uniformisation imposée malgré les moeurs libérales.
Un roman efficace, sans doute un classique, mais seulement un bon moment sans plus, la construction m'ayant beaucoup rappelé le Meilleur des mondes.