Gilgamesh, roi d'Ourouk de Robert Silverberg
Je suis celui que vous nommez Gilgamesh. Je suis le pèlerin de toutes les routes du Pays et d'au-delà le Pays. Je suis celui à qui toutes choses ont été révélées, vérités dissimulées, mystères de la vie et de la mort, et de la mort surtout.
Robert Silverberg s'empare de l'Epopée de Gilgamesh, dans une adaptation sobre à la première personne. Un parti pris surprenant tant le personnage devient rapidement accompli et rencontre le succès dans la plupart de ses entreprises. L'orgueil et l'arrogance devenant alors le point central du personnage, avant que la notion de mort qui le hante dès le début du texte ne s'impose à lui brutalement.
Dans la nuit noire je courais en aveugle de droite et de gauche, sans but et sans objet. Une douleur que je ne connaissais que trop bien s'abattait à nouveau sur moi : la solitude du paria, exilé dans sa propre cité, sans père ni frère, sans épouse, sans quiconque pour se dire sincèrement son ami, isolé comme par un mur de flammes autour de lui. Je languissais de l'autre - qui que ce fût - mais l'autre n'existait pas.
Bien construit le roman retrace bien les principales étapes de la vie du roi légendaire. De ses premiers déboires aux premiers succès en exil, de son isolement du commun des mortels jusqu'à l'arrivée d'Enkidu son presque égal, puis sa prise de conscience de sa propre mortalité. Un cheminement vers la sagesse, à travers un héros qui évolue énormément...
Avec ce roman, Robert Silverberg réussit sa relecture du mythe. Un texte érudit, accessible, dépaysant et prenant, un très bon moment.