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Les lectures d'Efelle
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14 février 2008

Le Passe-broussaille de Robert Holdstock

hop

Cela faisait six ans qu’on avait retrouvé le corps d’Alex. Six longues années, six années vides. Il se souvenait encore du puissant remugle de la forêt, tandis qu’il avançait à pas lourd, avec les policiers, au milieu des fougères et des fondrières. Le ciel était bouché et une pluie morne et déprimante tombait. L’humidité sous les arbres, était étouffante. On n’entendait que le bruit de leurs chaussures écrasant les débris végétaux : sinon, pas un son au monde. Un groupe solennel d’hommes s’était tenu autour de la zone entourée d’un cordon, où l’on avait dégagé les feuilles mortes pour mettre au jour un torse déformé, le crâne tourné vers le ciel, le visage aussi méconnaissable qu’une pile de branches pourries et écrasées. 

Alex Bradley est un garçon ordinaire, ami de Tallis Keeton. Sa vie et celle de ses parents basculent quand James Keeton, le père de Tallis émerge devant leur voiture après une disparition d’un an. Traumatisé par la disparition de sa fille, l’homme semble avoir sombré dans la folie et n’arrive à communiquer qu’avec Alex. Au cours d’un de ses entretiens, Alex touche le masque de Tallis que James Keeton a récupéré. Ce dernier meurt alors et Alex devient brusquement autiste. Quelques temps plus tard il disparaîtra de l’hôpital et ce que l’on suppose être son corps sera retrouvé en bordure de la forêt de Ryhope.

Les années passent jusqu’à ce qu’une curieuse équipe de scientifique entre en contact avec Richard Bradley, le père d’Alex. Son fils serait vivant quelque part dans la forêt et perturbe leurs travaux, par l’influence que son subconscient a sur la forêt des mythagos. 

Cet endroit ? C’est là que tout a commencé. Où tout a commencé dans notre siècle, en tout cas. Un homme du nom de Huxley vivait ici avec sa famille, son épouse et ses deux fils. Ils n’étaient que de simples locataires. Le père de Huxley avait eu comme ami intime l’ancien lord Ryhope. Mais quelque chose qui était resté dormant pendant quatre siècles s’est réveillé lorsque Huxley a commencé ses études, pas dans cette pièce, dans une autre. La maison s’appelle Oak Lodge. La forêt, autour, est très, très ancienne. Ce bricolage, poursuivit-il en disposant un rouleau d’enregistrement neuf dans l’appareil, est ma version de ce que Huxley appelait un capteur de flux. Très simple, en réalité. Il contrôle la vie, la nouvelle vie, la vie spontanée, la vie des héros fantômes que nous appelons mythagos.
 

Richard s’associe donc à ses curieux personnages pour sauver son fils de l’emprise de la forêt. Las, cette dernière ne semble pas se laisser faire, dissimule bien des pièges et les scientifiques ont chacun des raisons personnelles d’être là et n’ont pas tous à cœur les intérêts d’Alex.

Beaucoup plus facile d’accès que Lavondyss qui versait trop dans le chamanisme, Le Passe-broussaille est un très bon moment. L’alchimie entre les mythagos et l’inconscient d’Alex est remarquablement mise en scène. La palme revenant aux mythes de Jason et des argonautes très sombrement dépeint et au thème récurent dans ce roman de Gauvain et du chevalier vert.

La quête initiatique de Richard est prenante et passionnante. Le seul point noir est qu’il faut avoir lu Lavondyss, moins réussi, pour pleinement apprécier ce texte.
Quoi qu’il en soit avec Le Passe-Broussaille le cycle de la forêt des mythagos est renouvelé de manière très agréable. 

La forêt s’agitait , Richard était énervé. Avec détermination, il entreprit de retourner sur ses pas, le sac sur le dos, tenant son épieu rudimentaire à   la main. Pas question de revenir ici, cette fois, de se laisser désorienter. Il en avait jusque-là. Si Helen et Lacan avaient d’autres choses à lui dire, ils n’auraient qu’à venir à Shadoxhurst.
« Trop, c’est trop ! » déclara-t-il avant de se glisser sous une branche basse, ne quittant pas l’étroit sentier des yeux.
Oak Lodge était droit devant lui. Il voyait la clairière, inondée de lumière.
Il déboucha sur le Sanctuaire du Cheval et, devant la pierre grise, hurla de frustration. « Mais enfin, comment ? Quand ai-je tourné ? »

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