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Les lectures d'Efelle
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29 juillet 2013

Dans la vallée des statues et autres récits de Robert Holdstock

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Suite à ma lecture de la nouvelle L'arbre aux épines dans l'anthologie Dystopia et sur les conseils du libraire de Scylla, j'ai décidé de tenter l'expérience des nouvelles de Robert Holdstock. Ce recueil de dix sept textes m'a par ailleurs convaincu que l'auteur était plus à l'aise dans la fantasy et le fantastique qu'en science fiction.

Cendres ouvre le bal avec son fugitif fuyant de planètes en planètes, se pensant un criminel chevronné que les autorités traquent avec assiduité mais sans jamais arriver à l'attraper. Si l'ambiance initiale fonctionne parfaitement, le dénouement m'a laissé quelque peu dubitatif. Sympathique sans plus.

Avec La croix du cimetière, on aborde le thème de l'explorateur spatial de retour de mission. En son absence et du fait de la longue période de temps écoulée sur Terre, cette dernière a bien changé et ne lui est plus accessible. Contre l'avis des colons spatiaux l'ayant accueilli il ira au bout du processus lui permettant d'être adapté à l'environnement terrien, bien décidé à fouler à nouveau la planète mère. Un récit amer et prenant, très efficace et à la fin des plus réussies. Bonne pioche !

Il y avait une ampoule de Chronon vide sur son bureau. Je compris immédiatement pourquoi il avait l'air si vieux depuis deux ans. Jusqu'où un homme comme lui pouvait aller pour être fidèle à ses convictions. Jusqu'où il pouvait pousser l'hypocrisie. Car tout était clair, à présent :"Il ne faut jamais s'attendre à quoi que ce soit", et le voilà qui modifiait sa propre existence sur la base de ce qu'il pensait devoir arriver... McCreedy essayait de se faire une place au royaume des dieux, et tant pis s'il fallait vieillir pour cela. Ni la peur ni les regrets ne semblaient le tourmenter.

Dans Vieillir encore, une équipe de scientifique s'empare des travaux de recherche fondamentale de collègues pour se lancer dans une expérience sur des sujets de laboratoires. Explorer les effets du vieillissement loin des effets de toute maladie, tout en usant de produits accélérant le processus permettant son observation. Une tentative d'autant plus douteuse que les divergences sur la finalité de l'opération voie le jour au fil des ans et que la folie de certains apparait. Si l'éthique de la démarche parait d'emblée douteuse, on se laisse porter par le récit et les failles des protagonistes. Un bon moment.

Voyageurs est une histoire d'amour et de failles temporels, au final le récit apparaît assez brouillon et pas très maîtrisé. Un texte peu convaincant, ni captivant.

C'était à chaque fois la même chose. Le nombre de bêtes qu'il dessinait était le nombre de bêtes tuées. Il sentait pourtant qu'il n'avait pas de vrais pouvoirs. Mais un jour un pouvoir, un vrai pouvoir apparaîtrait chez l'un des membres de la tribu. A partir de cet instant, les bêtes seraient à la merci de l'homme... et les hommes cesseraient - peut-être - d'être à la merci des déserts de glace mouvants qui se trouvaient plus au nord. La tribu ne doit jamais mourir, comprit N'a-qu'un-oeil, par avec le pouvoir qu'elle porte en elle, caché quelque part dans les corps de ses chasseurs.

L'homme-magie nous emmène au sein d'une tribu préhistorique où l'opposition entre le chef et le shaman s'exacerbe. Le premier impose des obligations de résultats au premier tandis que le second rêve du temps où il était encore un chasseur accompli. La tension monte encore d'un cran quand le fils du chef s'entousiasme pour les peintures rupestres magiques... Robert Holdstock dans ce qu'il fait de meilleur, une superbe intrigue de fantasy légère très bien menée.

Retour à la SF avec La caresse d'une main disparue, spleen suite à un accident de téléportation... Une ambiance morose réussie mais sans plus. Une petite déception.

Un évènement sans importance met en scène une post humanité dôtée de modifications spectaculaires à défaut d'être utiles. Un mal être sourd entoure le groupe et prendra forme lors d'une soirée tournant autour d'une expérience temporelle. Pas très convainquant.

Un millier de statues, taillées chacune dans de la pierre blanche, immaculée, peuplaient les deux versants de la vallée, comme surgies tout droit du sol. Les unes reposaient simplement sur les terres planes surplombant les méandres de la rivière ; les autres, plantées à mi-pente, sous le jeu subtil de l'ombre et de la lumière qui donnait vie au moindre de leur relief, semblaient prêtes à arpenter le paysage ; on eût presque cru voir les membres commencer à s'agiter. Comme si, songea Arden, la main d'un géant inspiré avait semé du haut des airs ces créatinons de l'art humain à travers la vallée et qu'elles fussent demeurées là où elles étaient tombées, sans jamais avoir à subir le contact de la main de l'homme ou les caresses corrosives de la pluie et du vent.

Dans la vallée des statues est une superbe histoire fantastique dans laquelle un journaliste enchanté par la muse d'un vieux sculpteur accepte l'invitation de l'artiste. Malgré l'ambiance étrange et étouffante du refuge de l'artiste, le narrateur ira au boût de son enquête persuadé de pouvoir arracher la jeune femme à l'emprise du maître... Un texte aux ambiances assez classiques mais on se laisse porter par la plume de l'auteur jusqu'à la fin attendue. Un excellent moment.

Un archéologue est envoyé en Irlande au néolithique pour retrouver la trace d'un collègue et prédécesseur sur place dans La terre et la pierre. Il devra élucider le mystère de la disparition de son contemporain et de celle de la population du village où il s'était établit. Holdstock toujours au sommet de son art pour l'évocation de la terre et de la nature, un texte mystérieux et prenant, très bien mené.

Dans Thorn, un sculpteur de pierre est pressé par une divinité de la forêt de lui consacré l'église du village en cours d'achèvement. Les hésitations de l'artisan lui seront fatales, là encore un très bon moment de fantasy légère.

On verse dans l'antiquité celte avec Le garçon qui franchissait les rapides, un gamin vu comme un démon par les siens, un étranger porteur d'un lourd fardeau et en quête de rédemption. Une nouvelle riche en sens, cruelle et prenante. Une indéniable réussite.

Dans Scarrowfell, on aborde l'époque contemporaine. Une fillette se retrouve au prise avec une fête traditionnelle qui tourne à l'accueil d'une entité mystérieuse. Une histoire cruelle, à l'ambiance lourde, avec quelques faux semblants mais qui tombe un peu à plat. Dommage.

Le temps de l'arbre est une métaphore de la vie humaine sur Terre. Le postulat de départ demande une forte suspension d'incrédulité mais l'ambiance est au rendez vous, très réussie. Un bon moment.

Le changeforme est une histoire de désenvoutement, une histoire très bien ficelée dans une ambiance celte. Un sans faute dont il ne faut rien dévoiler.

Dans Les Selkies, un pilote de bombardier,  échoué sur un îlot perdu de l'Atlantique noue des relations avec des entités merveilleuses au cycle de vie compliqué. Une histoire cruelle dont on accepte la fin tant le narrateur fait fie de l'innocence des créatures qu'ils fréquentent.

Les arbres à charisme mêle science fiction et fantasy pour un petit délire sans prétention, l'occasion surtout de taper sur les pilleurs de sites archéologiques. Sympathique pour son dénouement.

Enfin dans Enfantasme, Merlin est au prise avec les exigences d'un puissant seigneur de guerre (avater d'Uther). Une manière subtile et amusante d'aborder le mythe arthurien. Un sans faute, très immersif et au dénouement jubilatoire.

Au final un recueil varié, des plus satisfaisants qui mérite amplement le détour.

 

Une lecture dans le cadre du challenge "Je lis des nouvelles et des novellas".

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Commentaires
L
Ca m'a l'air vraiment pas mal pour entrer en douceur dans l'univers de Robert Holdstock, avant de lire "du lourd" avec le Mythagos.<br /> <br /> En tout cas, ça donne envie !
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