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Les lectures d'Efelle
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3 octobre 2007

Blind Lake de Robert Charles Wilson

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« Il savait très bien que, selon toute probabilité, il se trouvait face à sa dernière chance de sauver sa carrière de journaliste. Restait à savoir s'il voulait saisir cette chance. Comme l'avait souligné Elaine, d'autres options s'ouvraient à lui. L'alcoolisme ou la toxicomanie, par exemple, qu'il avait côtoyés d'assez près pour en comprendre l'attrait. Il pouvait également accepter un emploi de rédacteur de publicités ou de manuels techniques et avancer incognito jusque dans une cinquantaine paisible et respectable. Il ne serait pas le premier adulte à devoir revoir ses aspirations à la baisse et ne se sentait pas à plaindre pour cela.
Cette mission à Crossbank et Blind Lake était arrivée comme un rêve d'enfance trop longtemps différé. Un rêve éculé. Il avait grandit dans l'amour de l'espace, avait chéri les premières images des interféromètres optiques de la Nasa et d'Eurostar – des images préliminaires incluant les deux géantes gazeuses du système UMa47 (toutes les deux avec d'énormes et complexes systèmes d'anneaux) et une tache alléchante : une planète rocheuse à l'intérieur de la zone habitable de l'étoile. »

Blind Lake sera le dernier roman de Robert Charles Wilson que je lirai cette année en attendant la parution en français d'Axis en 2008.

Dans un futur proche à la géopolitique instable, un système quantique incompréhensible permet d'observer une planète lointaine avec un degré de précision stupéfiant. Il est possible de suivre la vie  d'un autochtone !  Mis au point par hasard le procédé n'est pas compris par ses concepteurs et les images obtenues bouleversent quelque peu les idées préconçues sur la place de l'humanité dans l'univers. Pour ces raisons, les sites d'observation astronomiques de Crossbanks et de Blind Lake sont hautement sécurisés et autarciques : le personnel est trié sur le volet, logé sur place avec toutes les installations civiles nécessaires à une vie de famille, seuls quelques travailleurs journaliers entrent et sortent.

« Donc, dit Charlie, on a vraiment deux projets de recherche en même temps : Hubble Plaza essaye de trier les données et ici on tente de comprendre comment on obtient les données. Mais on ne peut pas regarder de trop près. On ne peut pas démonter les O/BEC, les arroser de rayons X ou quoi que ce soit d'aussi agressif. En mesurer un, c'est le casser. Blind Lake ne se contente pas de dupliquer l'installation de Crossbank : il a fallu faire accomplir à nos machines le même processus de développement, sauf qu'on a utilisé les vieux interféromètres haute définition à la place de l'Ensemble Galilée, en abaissant délibérément la force du signal jusqu'à ce que les machines chopent le truc, quel qu'il soit. Il n'y a que deux installations de ce genre dans le monde, et toutes les tentatives d'en créer une troisième ont systématiquement échoué. On est en équilibre sur la pointe d'une épingle. C'est de ça que vous parlait ce type à Crossbank. Quelque chose de vraiment étrange et merveilleux ce passe ici, et on n'y comprend rien. Tout ce qu'on peut faire, c'est le pouponner en espérant qu'il ne va pas en avoir assez et s'éteindre tout seul. Ça pourrait s'arrêter n'importe quand. Bien entendu. Et pour n'importe quelle raison. »

Alors que les cadres dirigeants sont partis pour une conférence internationale et que trois journalistes sont admis à Blind Lake, la quarantaine est instaurée de l'extérieur sans explication. Le site de Blind Lake est toujours approvisionné en énergie et aliments mais est pour le reste totalement coupé du monde. Très vite, les détenus prendront la mesure de leur isolement en découvrant que des drones de combat mortels ont été mis en place autour du complexe. La vie s'organise alors dans ce nouveau contexte et les scientifiques continuent de travailler faute de mieux. Or c'est à ce moment là que Le Sujet, l'extraterrestre observé, change son comportement de manière radicale : il abandonne sa cité et se lance dans un périple à travers les étendues désertiques et abandonnées de sa planète.

Robert Charles Wilson s'empare ici de la mécanique quantique, très légèrement et avec une certaine poésie tout en privilégiant l'humain. Que ce soit avec Chris, journaliste sur le retour portant plusieurs fardeaux sur la conscience, Marguerite, responsable scientifique harcelée par Ray, son ex mari, responsable administratif psychotique et leurs fille, Tessa, gamine de neuf ans pertubée et sujette à des visions pour le moins inquiétante et encore quelques autres personnes. L'action se déroule sur des périodes clés, espacées dans le temps, et est décrite selon le point de vue de chacun des protagonistes.

Globalement, Blind Lake est un roman paisible loin de la fureur de BIOS, Darwinia ou des Chronolithes. L'évènement extraordinaire est ici une quarantaine inexplicable sujet de toutes les spéculations, la majeure partie de la narration concerne les protagonistes et le Sujet. Existe t il un lien entre le comportement de ce dernier et la quarantaine ? Comment fonctionne ces systèmes informatiques quantiques qui se programment     seuls ? Pourquoi cela fonctionne t il ? Et pour encore combien de temps ?
L'auteur répondra a quelques unes de ces questions tout en faisant évoluer ses personnages avec maestria. Une lecture plaisante qui se laisse dévorer très rapidement, pour un final très agréable emprunt d'une magie qui m'a donné l'impression de sortir d'un film de Miyazaki.

« Presque quatre mois de quarantaine, et on avait beau essayer de l'ignorer ou de la justifier, cela signifiait qu'il se passait quelque chose de prodigieusement mauvais – peut-être dehors, peut-être dedans. Quelque chose de mauvais, de dangereux et de caché qui finirait par venir avec bruit en pleine lumière. »

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Commentaires
N
j'ai du retard, mais je pense que je vais me farcir quelques wilson avan la fin de l'année. j'ai entamé le deuxieme volet du minde du fleuve de Farmer mais je n'acroche plus. je vais revenir à Wilson, une valeur sûre.
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