La Planète Géante de Jack Vance
« Il y avait de la place pour d’autres minorités… et de
la place en quantité illimitée. Tous ont donc émigré : les sociétés
misanthropes, les cultes, les primitivistes, les communistes, les monastères,
voire de simple particuliers. Quelquefois, ils ont bâti des villes, quelquefois
ils ont vécus isolés… à quinze cents, trois mille, dix mille kilomètres de leur
plus proche voisin. Les gisements de minerais utiles sont inexistants sur la Planète Géante ;
la civilisation technologique n’avait aucune chance de démarrer, et la Terre a
refusé d’autoriser l’exportation d’armes modernes vers la Planète Géante. Si bien que celle-ci s’est développée en un amas de petites
nations et de localités séparées par de vastes étendues. »
La Planète Géante a été écrite en 1951 et se situe pleinement dans la production de cette époque. Quoi qu’il en soit cette traduction revue et complétée est la bienvenue, procurant au texte une saveur qu’elle n’avait pas auparavant suite à la suppression de la sexualité des personnages (thème pourtant assez présent dans les romans de Vance) et de quelques détails exotiques tel le cannibalisme de certaines tribus nomades. Il convient donc de lire La Planète Géante de la même façon que l’on regarderait le film La Planète Interdite : en effectuant un petit saut en arrière dans le temps.
Comme souvent avec Vance l’action démarre rapidement :
le vaisseau menant une commission d’enquête de la Terre sur la Planète Géante s’écrase suite à une mutinerie.
Les membres de la commission venait enquêter sur des
importations illicites d’armes et de métal à l’instigation d’un royaume
subitement très expansionniste. Enquête d’autant plus urgente que la
contrebande est financée par la vente d’esclaves à tous les tordus de l’univers
qui se sont taillés des mini domaines en dehors de l’influence du pouvoir central
terrien.
De l’aventure, du dépaysement, des trahisons et une
résolution ironique et amusante. Un roman assez classique de Jack Vance mais
qui se laisse lire sans déplaisir mais sans atteindre non plus l’émerveillement
d’un Emphyrio ou la magie de Lyonesse.
Il ramassa un caillou qu’il tourna entre ses doigts. « Un caillou rond, du quartz… un morceau de la Planète Géante, lavé par l’eau de la Planète Géante, du lac Pellitante, poli par le sable d’un rivage de la Planète Géante… » Il le soupesa dans sa paume avec la vague idée de le garder. Toute sa vie, ce simple caillou saurait recréer à ses yeux cet instant précis, quand la paix, la solitude et l’étrangeté l’entouraient, tandis que la nuit tombait sur la Planète Géante.
PS personnel : Yann si tu lis ces lignes et que tu n’a
pas encore lu l’ancienne traduction du texte que je t’ai donné il y a quelques
temps, abstiens toi ! Je te prêterai cette traduction : elle vraiment
bien meilleure.