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Les lectures d'Efelle
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25 janvier 2014

La petite déesse d'Ian McDonald

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Avec Le Fleuve des dieux, Ian McDonald nous projetais dans le futur de l'Inde, un voyage fascinant mais la taille du roman et la lenteur de l'intrigue pouvait dérouter le lecteur. Avec ce recueil de sept nouvelles, ces deux écueils sont levés. Ces nouvelles sont d'excellentes facture et permette de s'immerger dans cet univers de manière très progressive.

Sanjîv et Robot-wallah se déroule au cours du conflit qui verra la partition du nord de l'Inde entre les deux frères ennemis l'Awadh et le Bhârat... Un conflit qui voit des adolescents utilisés en tant que cyberguerrier pour téléguidé des escouades de robots... Sanjïv, gamin d'une famille de réfugié, fasciné par les engins, le sera aussi par leurs pilotes. Le portrait d'une profession éphémère, une génération sacrifié. Un texte efficace, ouvrant efficacement le recueil.

Kyle fait la connaissance du fleuve, nous projette après le conflit au cours de la phase de reconstruction. Kyle, fils d'un expatrié américain travaillant dans divers chantiers, va s'évader de son environnement sécurisé et s'aventurer dans la société hindoue encore instable, guidé par le fils d'un officiel local. Confrontation efficace entre deux univers, évocation efficace du fleuve, une réussite.

L'assassin-poussière narre le conflit entre deux familles régnant sur la distribution de l'eau, une vendetta inscrite dans la vie de ces notables richissimes, modelant l'éducation profondément l'éducation donnée aux enfants. L'immersion continu, le récit présentant au passage la création des neutres, occupant désormais le rôle traditionnellement dévolu aux eunuques. Un récit aux multiples facettes très prenant.

Le soleil est une cuvette en cuivre qui roule sur le bord indigo du monde. Des lumières scintillent dans la brume matinale. Il n'arrive absolument jamais qu'il n'y ait personne au fleuve. Des hommes maigres comme un fil poussent des charrettes à bras sur le sable jonché de débris, picorant comme des oiseaux. Deux garçons ont allumé un petit feu au milieu d'un cercle de pierres. Une lointaine procession de femmes, des ballots sur la tête, défile sur le sable herbeux. Près dun mince filet de la Yamunâ, un vieux brâhmane se donne la consécration en se versant de l'eau sur la tête. Malgré la chaleur matinale, Jâsbir frisonne. Il sait ce qui va dans le fleuve. L'air sent les eaux usées et la fumée de bois.

Un beau parti reprend la problématique du déséquilibre démographique entre hommes et femmes. Issu de la classe moyenne, Jâsbir se consacre assidûment à la recherche de l'âme soeur, déployant une multidude d'efforts et d'investissements pour se rendre attractif. Un récit social gigogne, abritant quelques surprises tout en traitant efficacement son thème, sans parler de l'évocation du fleuve incontournable...

J'avais cru que la cité sacrée de Vâranacî me ferait le même effet que Katmandou, un foyer spirituel, une ville de neuf millions de dieux et une déesse qui parcourait ses rues dans un phut-phut. Mais j'ai vu une autre capitale indinne d'un autre Etat indien, avec des tours en verre, des dômes en diamants et des parcs industriels qui cherchaient à se faire remarquer du reste du monde, avec à leur pied des taudis et des bâstis comme des cochons d'égout. Les rues commençaient dans le millénaire actuel et se terminaient dans l'antépénultième. De la circulation, de l'entassement et des gens des gens des gens, mais la fumée du diesel qui s'infiltrait aux extrémités de mon masque anti-smog m'apportait une vague odeur d'encens.

La petite déesse, déjà évoquée dans le Bifrost n°68, est ici encore plus mise en valeur par le contexte développé dans les nouvelles précédentes. Le texte très riche est agréable même à la relecture, l'histoire est prenante et ses facettes multiples. Un grand texte.

Il y a à présent une nouvelle espèce qui se bouscule pour se faire une place dans leur ville : les aeais. Si les djinns sont la création du feu et les hommes celle d'argile, elles sont celle du mot. Il y en a cinquante millions à grouiller sur les boulevards et les chauks de Delhi : elles dirigent la circulation, négocient les actions boursières, entretiennent les réseaux électriques et les canalisations d'eau, répondent aux demandes de renseignements, disent la bonne aventure, gèrent les agendas et les calendriers, s'occupent des problèmes légaux et médicaux de routine, jouent dans les soap operas, passent au crible les quadrillions d'informations qui circulent chaque seconde dans le système nerveux de Delhi. La ville est un grand mantra.

L'épouse du djinn narre la relation amoureuse entre une jeune danseuse traditionnelle et une intelligence artificielle des plus sophistiquée. Un drame ayant pour décours les enjeux géopolitiques du début du Fleuve des dieux, prémisse d'un conflit pour l'eau du Gange.

Enfin, Vishnu au cirque de chats, en relatant la vie d'un des enfants ayant bénéficiés d'améliorations génétiques massives, reprend à son compte une des intrigues principales du Fleuve des dieux, à la fois prologue et épilogue au roman, tout en pouvant se lire indépendamment.

Complément indispensable au Fleuve des dieux, ce recueil pouvant être lu indépendamment est un excellent moment. Le pouvoir d'évocation d'Ian McDonald est impressionnant, l'immersion est rapide et les histoires prenantes, bref un incontournable.

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Commentaires
L
En grand admirateur du "Fleuve des dieux", je ne pouvais pas passer à côté de ce recueil. Il est donc dans la PAL.<br /> <br /> Lecture pour bientôt normalement. Je sens que je vais aimer !
G
Grand plaisir de lecture pour moi aussi.
B
J'ai moi aussi passé un excellent moment avec ce recueil qui complète parfaitement Le Fleuve des Dieux et permet de développer cet univers. C'est surtout la capacité de l'auteur a crée des histoire qui me plait toujours autant, mélange de cyber et de contemporain.
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