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Les lectures d'Efelle
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10 juillet 2016

Un chant de pierre d'Ian Banks

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Dans cette barbarie sans distinction qui baigne tout, ce qui se dresse avec fierté s'expose à l'anéantissement, comme le cri rageur ne fait qu'attirer plus promptement les mains à la gorge, qu'elles y étouffent ce filet d'air par lequel nous nous agrippons à la vie, par lequel elle nous nourrit. En ces temps sans frein, la seule manière de subsister passe par la banalité et l'absence d'éclat ; par l'uniformité, si ce n'est par l'uniforme, tout comme cet essaim de réfugiés dans lequel nous avons tenté de nous fondre. Parfois la révérence la plus humble devient la plus haute garde.

Un pays englué dans une guerre qui n'a plus de sens, où les forces armées ne sont plus de que pitoyables bandes éparses se comportant en pillards et luttant entre elles pour la possession d'un abri, d'une arme lourde... Le narrateur, Abel, est un aristocrate qui a décidé tardivement d'abandonner son château pour fuir les combats. En l'absence d'essence, lui et les siens ont opté pour une antique calèche qui a attiré l'attention d'une bande armée.

Sous la houlette d'une femme à poigne, le lieutenant, le couple est contraint de guider la bande de soldats dans leur antique demeure. Un château dont les remparts et les douves flattent la vanité de l'officier et procure à la bande un éphémère sentiment de sécurité.

Abel ayant choisi de résister passivement aux caprices de l'officier, sa situation se dégrade tandis que sa compagne s'éloigne peu à peu de lui... Veule, il subira une inexorable descente aux enfers...

Ces temps égalisateurs manquent toujours de justice ; ils banalisent, ils dégradent ce qui, dans un paysage si cultivé, si civilisé, devrait ne jamais connaître de vulgaires menaces. Cette attente nauséeuse, ce massacre omniprésent me semblent appartenir à des climats plus rudes, où l'on a moins bâti - et où l'on détruit moins. Mais là réside sans doute notre erreur initiale : dans cette affaire, aucun des camps à l'origine du conflit ne pouvait croire que nous sombrerions dans la sauvagerie qui est maintenant nôtre.

Un aristocrate décadent confronté à une bande de soldats sans but... Ian Banks dresse ici un tableau très noir avec des situations ambiguës. Une ambiance poisseuse des plus marquantes, agrémentées des digressions oiseuses d'un narrateur assez mou. Ce dernier point constitue le principal bémol en ce qui me concerne, le ton plaintif et oiseux finissant par lasser et me conduisant à un bilan mitigé, bien sans plus. Banks a fait beaucoup mieux.

 

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