Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les lectures d'Efelle
Derniers commentaires
4 août 2014

American Death Trip de James Ellroy

img243

Le hall de l'hôtel était luxueux. Les tapis étaient épais. Les hommes s'y prenaient les talons de leurs bottes. Les gens tendaient le bras, montrant l'avenue - regardez, regardez, regardez -, le cortège présidentiel était passé devant l'hôtel. On avait vu JFK dans sa voiture. JFK s'était fait descendre tout près d'ici. Les gens se mettaient à parler. Des inconnus réconfortaient des inconnus. Les hommes portaient des costumes texans. Les femmes avaient adopté le style Jackie Kennedy.

Dallas, 22 novembre 1963. Ward Littell, avocat de la mafia, est réintégré en urgence par Hoover et dépêcher sur place pour superviser la débacle des forces de l'ordre et faire disparaitre les détails embarrassants. Pete Bondurant sur place, oeuvre à faire disparaitre les témoins gênants. Wayne Tedrow, flic de Las Vegas, était venu mettre la main (et officieusement faire disparaitre), un indésirable de sa ville natale. Tout se petit monde va se croiser dans la chaos ambiant et des liens sanglants vont se tisser entre Bondurant et Tedrow, dont le mormont de père est en cheville avec le mafia...

M. Hoover avait filmé le Dr King. M. Hoover essayait de le piéger. M. Hoover communiquait des renseignements compromettants à ses "correspondants spéciaux" : des membres du Congrès. Des journalistes. Des ecclésiastiques.

M. Hoover les avait formés. M. Hoover leur avait appris la circonspection. Conspirons et laissons filtrer des informations confidentielles. Faisons-le avec finesse. Ne communiquons pas tels quels les renseignements recueillis grâce à des micros cachés ou des mouchards téléphoniques. Ne mettons pas en danger l'existence des dispositifs en question.

M. Hoover détenait des informations compromettantes. M. Hoover les laissait filtrer. M Hoover faisait beaucoup de mal. M. Hoover haïssait le Dr King. M. Hoover trahissait par là même sa seule faiblesse :

Le sadisme. Un sadisme tenace. Infligé sur une longue période de TEMPS.

De 1963 à 1968, les trois protagonistes d'Ellroy n'auront de cesse d'oeuvrer ensemble à des tâches sinistres. De la mise en place d'un trafic d'héroïne entre le Vietnam en guerre et Las Vegas, de trafiquer des armes vers Cuba, vendre des casinos à Howard Hugues,  rendre des services sanglants à la mafia avec la bénédiction de Hoover...

Dans cette période troublée du sud des USA, entre militants des droits civiques et dégénérés du Ku Klux Klan, Littel et Bondurant vont s'user l'un par trop plein de remords et d'impuissance, l'autre par usure physique, l'âge le rattrapant... Pour Tedrow, ce sera pire, l'anti raciste libéral passant finalement pour un tueur de noirs compulsif, à force de bonnes intentions qui tournent court, l'archétype de l'ange déchu.

- Vous allez commettre des actes avec le souvenir desquels vous n'allez pas supporter de vivre.

- C'est peut être déjà fait.

- Ca ne peut qu'empirer. Et vous commettrez des actes encore plus atroces, simplement pour vous prouver que vous arrivez à le supporter.

Nouvelle page des USA, nouveau dessous des cartes cynique... Un pour tous, tous pourri. La trame tracé par Ellroy est crédible et ses personnages très humains, tendus jusqu'à l'inévitable rupture. Un roman noir efficace et prenant, un très bon moment.

 

 

Une lecture dans le cadre du Challenge Pavé de l'été.

pavc3a9-2014

Publicité
Commentaires
B
Un titre de l'auteur que je ne connaissais pas (auteur que je n'ai toujours pas lu ...).
P
Je suis en plein dans la trilogie Lloyd Hopkins du même auteur et ta critique me donne bien envie de lire cette autre trilogie. Peut-être après le quatuor de Los Angeles...
Les lectures d'Efelle
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 397 065
Publicité