Le Club des Petites Filles Mortes de Gudule
Petit détour dans le genre « horreur », ce recueil de courts romans fantastique ou de science fiction est une très bonne surprise.
La thématique générale est l’enfance à travers le portrait
d’enfants souvent victimes, parfois bourreaux, le tout sur un ton assez
ironique.
« Dancing Lolita » ouvre le recueil en présentant
une société perverse ayant abolie la vieillesse. Plus moyen de distinguer les enfants des adultes régressifs, les mœurs évoluent de
manière quelque peu écoeurantes… Un texte qui remue les tripes par moment sans toutefois être totalement convaincant.
« Entre chien et louve » qui suit est sans aucun
doute le meilleur de ces textes. Un vieillard décédé se réincarne dans un chien
errant, recueilli par son ancienne compagne. Cette dernière, originaire du
Congo, isolée dans la forêt ardennaise se confie à son nouveau compagnon.
Entre les souvenirs de l’un et les réminiscences de l’autre, le récit de deux
personnes ayant vécues ensemble sans véritablement se connaître. Un excellent
moment amer et plein de surprises.
« Gargouille » est un texte relevant de la série B, une histoire
fantastique de vengeance bien des années après un traumatisme d’internat. Les
adultes réglant leur compte d’adolescent. L’ensemble grand guignolesque n’est
pas très convainquant.
«La
Petite Fille aux araignées » est le récit d’une gamine
internée en psychiatrie suite à une histoire assez horrible, toujours dans le
registre fantastique. Une histoire sans surprise mais remarquablement bien
narrée.
« Mon âme est une porcherie » est une nouvelle
descente aux enfers. De l’enfance à l’age adulte, la vie horrifiante d’une
fillette peu gracieuse dans un environnement impitoyable.
« Petite Chanson dans la pénombre », le fantôme
d’une fillette violée et assassinée échafaude une vengeance diabolique et
horrifiante suite à l’installation d’une famille dans le lieu qui héberge son
cadavre. Un texte très prenant et glaçant, remarquablement efficace.
« La Baby – Sitter », histoire d’horreur
psychologique sur fond de conte de fées. Les rôles de bourreau et de victime
sont échangés à plusieurs reprises, sans manichéisme
Le dernier récit est le « Repas éternel », quelque
peu hors propos par rapport à ces prédécesseurs. Il s’agit d’une variation
horrible et gerbante de Soleil Vert (si si c’est possible !).
Cinq bons textes et trois autres plus anodins, ce recueil est une bon surprise. Seul « Gargouille » dénote vraiment question qualité quant à « Repas éternel » c’est plus une question de cohérence avec l’ensemble car il est redoutablement efficace. Gudule propose ici un voyage réussit au bout du fantastique et de l’horreur.