La cité des saints et des fous de Jeff Vandermeer
Ce livre n'est pas un roman mais un
ensemble de document et nouvelles ayant pour point commun une ville
imaginaire : Ambregris.
Une ville démente et difficile à
classer dans l'imaginaire tout comme le livre de Vandermeer, la
première nouvelle « Dradin amoureux »
est étrange, on a du mal à comprendre les raisons du
comportement de Dradin et la ville encore peu familière n'est
pas spécialement accueillante.
J'en suis sorti désorienté
et grande a été la tentation de refermer ce livre
apparemment sans queue ni tête. Cela aurait été
une grande erreur, passé ce texte désorientant, le
reste est beaucoup accessible notamment le « Guide
Hoegbotton de l’Ambregris des premiers temps », brochure
touristique rédigée par un auteur (imaginaire) aigri,
faisant fi du politiquement correct e multipliant des notes
incendiaires en bas de pages qui remettent en perspective l'histoire
officielle de la ville.
Au fil des textes drôles,
déjantés ou aussi inquiétant que du Lovecraft ce
dessine la cité d'Ambregris à l'histoire fascinante.
Construite par une bande de pirates en
déroute, elle est bâtie sur une cité
d'autochtones champigniens rapidement chassés par
l'envahisseur humains. Ces êtres se sont terrés dans le
sous sol de la ville et ont attendus des années leur heure
pour une vengeance extrême. Les deux peuples cohabitent plus ou
moins au temps de l'intrigue de « Dradin amoureux ».
De pirates les habitants d'Ambregris
sont devenus pêcheurs des très étranges calmars
royaux, sujet d'étude d'un document dont la forme devient très
vite déjantée, l'auteur détruisant avec un malin
plaisir toute sortes de théories farfelues avant de proposer
la sienne : un excellent moment comique.
Livre puzzle, La cité des saints
et des fous alternent les textes les plus noirs au plus déjantés,
allant jusqu'à inclure l'auteur même dans un asile
d'Ambregris, pauvre dément prétendant avoir connu une
étrange cité nommée New York et imaginé
Ambregris.
Inclassable, très varié
j'ai frémis avec « La cage », me suis
gratté la tête avec « Dradin amoureux »
(dont la clé est donnée dans le glossaire en fin de
livre) et ai beaucoup ri avec nombre de nouvelles telles « Guide
Hoegbotton de l’Ambregris des premiers temps » et « Le
Calmar royal : brève monographie de Karl Manfou ».
Livre unique, à réserver
à un public averti mais les amateurs de champignons,
moisissures et tentacules y trouveront leur compte