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Les lectures d'Efelle
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21 octobre 2015

Les nefs de Pangée de Christian Chavassieux

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Les veilleurs de Basal remarquèrent alors l'alignement des nefs dépareillées, voiles déchiquetées et haubans en capilotade. Elles laissaient pendre au flanc les cordes nouées dépourvues de trophées, aveu des vaincus. Aux franges des lisses, là-haut, on distinguait les bustes des marins. Ils étaient silencieux et baissaient la tête. Cette course piteuse trouvait un dénouement à la hauteur de son échec. Résignés, les veilleurs embouchèrent les cors et sonnèrent les notes descendantes, quatre tons pleins de tristesse, le motif tant redouté, la musique épouvantable, celle qui annonce à la population de Basal et à tout le continent de Pangée que la chasse a échoué.

Sur Pangée, la paix et l'unité des peuples est assurée par la chasse à l'Odalim, un léviathan des mers. Cette dernière a lieu tous les vingt-cinq ans, l'échec est annonciateur de troubles et souvent synonymes de guerre car les nations les moins investies dans la traque avancent alors leurs pions aux détriments de celles responsables de l'échec.

La neuvièmre chasse est un échec, un de plus, le chaos menace et les conflits et révoltes apparaissent rapidement. Dans la mégalopole de Basal, Plairil le porte parole de la famille la plus puissante entend bien rétablir la paix et la concorde...

Plairil demanda la parole.

"La première chasse rassembla, dit-on, tous les peuples. L'effort fut tel qu'il engendra une paix d'un âge entier ! Lorsque la troisième revint bredouille, cette belle alliance se brisa à jamais. Ce que les Anovia proposent, c'est de retrouver cette force commune. Toutes les nations, un nombre de nefs dépassant tout ce qui a été imaginé jusque-là, des nefs d'un genre nouveau, plus grandes, mieux armées, plus puissantes, avec à leur bord un nombre proportionnel d'enfants de Ghiom. Vous comprenez, mes amis, ce que cela signifie ? Cela signifie un tel effort demandé aux nations de Pangée qu'aucune guerre, dans ce cycle, ne sera possible."

Les représentants acquiescèrent, convaincus.

Et tandis que les artisans travaillent d'arrache pied à construire un nombre indécent de navires gigantesques ; que les oracles accompagnés de Logal Anovia, cherchent puis éduquent ceux qu'ils ont désignés pour diriger la chasse et en témoigner, Plairil patiemment poussent ses propres pions, persuadé de l'obsoléscence de la chasse et bien décidé à la remplacer par un culte de sa personne.

Les années passent et vient le temps de la dixième chasse, nombre symbolique synonyme de changement profonds pour Pangée.

Le départ de la dixième chasse se déroula donc dans cet état d'esprit étrange où se mêlaient l'enthousiasme de l'embarquement et l'angoisse de sa destination. Combattre l'Odalim est un défin majeur, et la perspective de l'affronter pour la première fois parmi les eaux froides suscitait les pires inquiétudes. D'emblée, Bhaca eut donc à contrer les effets du découragement. Après les premiers jours où la flotte s'était rassemblée au large, à la limite de la poussée de Myrâ, où les eaux du grand fleuve s'apaisent et où sa force se dilue dans la masse océanique, les nefs donnèrent toute la soie et filèrent au nord-ouest.

Bien que formidable, l'armada de la dixième chasse devra affronter de nombreux défis, son Odalim les attend dans les eaux polaires, tempête et iceberge seront donc de la partie puis lors de l'affrontement avec la puissante créature, la découverte d'une intelligence rusée et patiente jouant l'attrition et l'introduction d'éléments extèrieurs, notamment la race des Flottants, peuple dérivant au fil de l'océan sans fin que les nations de Pangée ont pris l'habitude de massacrer.

Présenté comme un récit mystique de chasse à la Hermann Melville, Les nefs de Pangée remplit amplement son contrat et offre bien plus dévoilant au fur et à mesure du récit d'autres enjeux, une histoire aux racines plus profondes qu'il n'y paraissait initialement et l'annonce de grands bouleversements.

Avec cette magnifique fresque, Christian Chavassieux livre une histoire prenante et poignante des plus réussies. Sans nul doute ma meilleure lecture de l'année. Un roman vivement recommandé et incontournable.

Ils m'ont donné envie de le lire : Lorhkan, Lune, Gromovar, Xapur, Cédric.

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Commentaires
J
Incontournable. Bon, il faut que je le sorte de ma pile à lire. Le peu que j'en ai lu au début me laisse juste dire que je dois être réceptif, pas trop fatigué, pour profiter de la prose de l'auteur. Mais je le lirai, d'autant plus que le précédent roman de l'auteur était lui aussi très bon.
T
C'est un COMPLOT !
L
C'est l'unanimité sur ce roman !<br /> <br /> Et c'est vrai qu'il est vraiment "plein" : de l'émotion, de l'action du genre épique, des surprises, des réflexions, etc...<br /> <br /> Et pour ne rien gâcher, c'est vraiment bien écrit.<br /> <br /> Mérité !
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