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1 décembre 2007

Le dernier rayon du soleil de Guy Gavriel Kay

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Aussi bien en Al-Rassan qu’en Amnuz et en Soriyye, les terres ancestrales d’Orient, l’on disait parmi les Asharites que le monde humain pouvait être divisé en trois groupes : les vivants, les morts, et ceux qui se trouvaient en mer.
Ibn Bakir était éveillé depuis l’aube, et il remerciait dans ses prières les dernières étoiles nocturnes de pouvoir être enfin compté parmi les membres du bienheureux premier groupe.
Dans ce lointain et païen septentrion, au milieu de ce marché de l’île de Rabady battue par les vents, il avait hâte de commencer à échanger son cuir, ses étoffes, ses épices et ses lames bien aiguisées contre des fourrures, de l’ambre, du sel, et de lourds tonneaux de morue séchée, qu’il vendrait en Ferrières sur le chemin du retour : il voulait prendre au plus vite congé de ces barbares Erling qui puaient le poisson, la bière et la graisse d’ours, qui pouvaient vous massacrer pour une querelle sur des prix, et qui – ces sauvages ! – brûlaient leurs chefs sur des bateaux, parmi leurs possessions terrestres.

Guy Gavriel Kay exploite à nouveau son monde alternatif pour narrer une page d’histoire romancée à sa façon. L’intrigue s’inspire ici du règne du roi anglais Alfred le Grand (les sources sont indiqués dans les remerciements) au IXeme siècle et de la fin de l’occupation danoise, pardon erling...

Il était roi d’un peuple incertain, dispersé et inculte, dans une contrée assiégée et marquée par l’hiver, et il voulait davantage. Il voulait davantage pour eux, ses Anglcyns, dans cette île. Avec trois générations de paix, il le croyait possible. Depuis vingt-cinq ans, il prenait des décisions contre son cœur et son âme avec cette idée en tête. Le temps viendrait bientôt où il en répondrait devant Jad.
Et il ne croyait pas qu’ils se verraient accorder trois générations.Pas dans ces terres du nord, ce champ d’ossements guerriers. Il vivait son existence et luttait contre les obstacles, y compris ses fièvres, au défi de cette pensée amère, comme si de par sa seule volonté il pouvait en être autrement ; il songeait au dieu dans Son chariot à l’envers du monde, combattant le mal chaque nuit pour ramener le soleil dans le monde de Sa création.

 

Plutôt qu’une longue fresque comme dans « Les Lions d’Al-Rassan », l’action se déroule sur quelque mois, mais les protagonistes sont nombreux, multipliant les points de vue. L’intrigue devient ainsi plus complexe et n’est pas manichéenne. On trouvera bien un sale type qui n’a pas grand-chose pour lui mais c’est la seule exception. Les personnages Erling sont, certes brutaux, mais aussi complexes et tout aussi intéressants que le roi Aëldred et ses proches, ou les cyngaëls voleurs de bétail. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié le personnage de Bern Thorkellson tant pour ses aventures que son évolution.

Le fantastique à une part dans cette histoire via la présence très légère d’une partie des mythes celtiques, sans pour autant allourdir la narration à tiroir de Guy Gavriel Kay. Les personnages sont bien campés et approfondis tandis que leurs destins et leurs histoires personnelles s’entremêleront jusqu’à une confrontation finale aussi forte que celle des Lions d’Al-Rassan.

Une histoire riche et des personnages bien travaillés, Guy Gavriel Kay, réussi à nouveau son adaptation personnelle de l’histoire et il devient rapidement difficile de poser ce roman. Un très bon moment et l’éclairage d’une période peu connue de l’histoire qui m’a incité à me documenter.

 

C’étaient des hommes de Jormsvik, cependant. Ils firent mouvement avec une rapidité qu’il n’aurait pas crue possible avant de se joindre à eux. On leva le camp et, lorsque les rames furent en place dans les deux derniers bateaux – avec un équipage réduit, mais on n’y pouvait rien – et qu’ils s’éloignèrent sur l’eau, le soleil n’avait guère viré plus loin vers l’occident. C’était leur vie, le sel et le dur labeur, les proues à tête de dragon. "Un Erling à cheval sur la mer…"


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