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Les lectures d'Efelle
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23 septembre 2015

Neverhome de Laird Hunt

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Je partirais et il resterait. Il fallait que l'un de nous reste à s'occuper de la ferme et que l'autre parte, et c'était lui et c'était moi. Nous étions à peu près de la même petite taille mais lui était fait de paille et moi d'acier. Chaque hiver il était frappé de migraines alors que, de toute ma vie, je n'avais connu la grisaille d'un seul jour de maladie. Il n'y voyait pas trop loin ; moi je fermais un oeil et d'un coup de fusil j'arrachais les oreilles d'un lièvre à cent cinquante mètres. Il tournerait les talons à la moindre occasio, ; moi je n'avais jamais, jamais reculé.

Doté d'une forte personnalité, Constance décide de quitter sa ferme dans l'Indiana pour combattre dans les rangs des armées de l'Union. Grimée elle s'enrôle sous le nom d'Ash Thompson et ne tarde pas à obtenir le surnom de Gallant Ash pour avoir aider une jeune femme en mauvaise posture... Soldat remarqué et remarquable, elle sera néanmoins engloutie par la fureur des combats et finalement abandonnée blessée sur un champ de bataille. Commencera alors pour elle, une série  d'épreuves dans une Virginie ravagée par la Guerre de Sécession.

Née dans le Maine, elle était venue dans le Sud avec son mari avant la guerre. Lequel mari était parti dans les premières semaines suivant Fort Sumter pour combattre en tant qu'officier confédéré, et n'était jamais revenu. Elle avait une lettre de lui, dictée tandis qu'il agonisait, aveugle, à Bull Run, et dans laquelle il lui demandait de faire pour lui ses adieux au soleil, de transmettre ses amitiés sincères à l'herbe, et de saluer les beaux arbres ondulants. Quand l'Union avait pris sa ville, elle avait promptement mis de côté le poids de son ressentiment pour se mettre à travailler dans leur hôpital. Elle faisait tout ce qu'on lui demandait. Lessiver les planchers, laver les scies, jeter les membres coupés par la fenêtre. Plus d'une fois, elle se contentait de s'asseoir à côté des mourants et de leur tenir la main.

D'un caractère résolu et bien trempé malgré les épreuves, hantée par les mannes de sa mère, Constance se dévoilera peu à peu, révélant les raisons de son engagement et la fureur anti esclavagiste et ségrégationnistes qui l'habite. Le tout alors qu'elle aura finalement entrepris son périple de retour parsemé de rencontres plus profondes.

A la façon dont Weatherby en parlait, ou selon ce que moi, j'en perçus, l'engagement de son petit-fils dans l'un des plus prestigieux régiments de l'Ohio ressemblait diablement à ces livres. Je ne les avais pas encore lus alors, pas plus qu'ils n'avaient encore été écrits, mais ils auraient tout aussi bien pu l'être. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'avait pas ses raisons. Peut-être ont-ils tous leurs raisons. Pour raconter tout çà comme si c'était un poème, je veux dire. Ce que j'appris le jour où, prenant mon courage à deux mains, j'ouvris enfin la bouche.

Récit initiatique d'une tragédie annoncée, Neverhome est un roman prenant et surprenant. L'héroïne est attachante et son parcours captivant. Un très bon moment, marquant et mémorable.

 

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