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Les lectures d'Efelle
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2 juillet 2013

Le Diapason des mots et des misères de Jérôme Noirez

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Retour dans les univers hauts en couleurs de Jérôme Noirez avec ce recueil de nouvelles plus très récent.

Je suis né ans la poussière. Je ne sais pas qui est ma mère.

Je crois que c'est la poussière, ma mère.

Si l'humidité et la moisissure sont des thèmes récurrents, la première nouvelle 7, Impasse des Mirages propose un contre pied total, plein soleil aux portes du désert. Un gamin et son père sont de retour dans une ville pétrolière du Maroc, reconstruite après un désastre. Un nouvel univers flamboyant et brûlant. Une nouvelle des plus sympathiques et relativement sage au vu de la production de l'auteur, un bon moment.

Ca se castagne également dans le couloir. Les chats, toujours plus nombreux, une génération spontanée de greffiers. Avant, on avait des rats. C'est sûr, maintenant, il n'y en a plus... plus de rats, plus de souris, plus de musaraignes, de cafards, de scolopendres, de moineaux, de pigeons... Des chats seulement, estropiés façon grande guerre, courant après les ombres dans un couloir que les fuites d'eau ont transformé en égout stagnant.

Bolex, nous emmène dans immeuble en déliquescence, avec des locataires à l'avenant, tous fasciné par le pavillon supposé hanté se trouvant à côté... Des ambiances qui ne sont pas sans rappeler Féérie pour les Ténèbres. Glauque et sympathique, un très bon moment.

La Ville somnambule, nous emmène à Prague un soir de Walpurgis. Une jeune femme veut retrouver son fiancé partit avec sa secte de castré dans l'enclave des fous. Un texte rappelant un peut Gustav Meyrink pour le contexte, à la sauce Noirez... Etrange et dérangeant.

Kesu, le gouffre sourd propose trois évènements simultanés, vécus à un rythme survolté. Un texte un peu trop confus qui laisse sur sa fin.

L'Apocalypse selon Huxley nous permet de suivre une bande de bras cassés, partis à la découverte du Nouveau Monde, en quête d'opportunités. Joyeusement délirant et amusant mais sans plus.

Si les adultes ne savent rien et n'entendent rien, c'est parce qu'ils sont vieux. Tel est le point de vue de Gaspard. Pas très vieux, y a pas besoin, juste vieux, juste adultes, ou alors, ils font comme les enfants, ils font semblant... Mais il n'y croit pas...

Nos aïeuls est une vision cauchemardesque d'un service de soins intensifs en pédiatrie. Une petite page de désespoir. Un texte marquant. Berceuse pour Myriam est un chant accompagné de sa partition pour complété la nouvelle précédente, dispensable.

A Slithy, on ne règle pas ses comptes, il y a des principes, voyez, un certain consensus, un équilibre diplomatique à ne pas rompre... Dans la capitale non plus, on n'ose pas, à cause d'une trop grande densité de flicaillerie au mètre carré... Mais entre les deux, à bord du train trans-bayou, zone franche pour les règlements de compte ! pour les surinages ! pour les inquisitions au fer à souder !

Voilà mon quotidien. Maintenir, un semblant d'ordre dans un coupe-gorge long de cent dix mètres qui aquaplane pendant trente et une heures sur un désert spongieux.

Feverish Train, nous ramène dans les ambiances de la fin de Féérie pour les Ténèbres, un polar joyeusement baroque, absurde et déjanté. Un excellent moment.

Le Diapason des mots et des misères met en scène l'étrange relation unissant deux voisins, unis par un curieux lien vocal. Pas très convainquant malgré le titre très réussi.

On plus ensuite dans un univers mortifère avec La Grande Nécrose, joyeusement barré mais tombant quelque peu à plat. Là encore, on reste sur sa fin.

Ninon sait d'expérience que les maisons atteintes de dysmorphie, les maisons qui cachent leur jeux, celles dont l'intérieur contredit l'extèrieur, sont de la pire espèce. Elle les appelle des maison-monstres.

Et celle dans laquelle elle vient de pénétrer en est indiscutablement une. Au moins 5 sur l'échelle des chimères architecturales ; une échelle dont elle est l'inventrice, et qui va de 1 : petite baraque aux angles tordus où les perruches et les chihuahuas souffrent de dépression, à 7 : infecte boursouflure de pierre dont le volume réel est bien supérieur au volume supposé (et dont le maître d'oeuvre est sans doute interné à vie, à moins que son cadavre ne fasse partie intégrante de la maçonnerie).

Histoire d'exorcisme dans Maison-Monstre, menée par la plus improbable des occultistes (sans parler de son chauffeur). Efficace et amusant, un très bon moment.

Le soufflé retombe avec Stati d'animo dont la forme ne m'a plus accroché que le fond, epic fail.

En enfer, les câlins laissent des asticots.

Viennent enfn, les trois Contes pour Enfants Mort-Nés : Shirley's Doll, L'enfer des enfants pas sages et La Leçon de piano. Des textes  d'horreurs redoutablement efficace, porteurs d'images fortes. Marquants.

De temps en temps sa petite soeur lui rend visite. Elle a les lèvres toutes bleues et les yeux blancs, et quand elle bave, ça sent la piscine.

Au final un recueil satisfaisant, dont un peu plus de la moitié des nouvelles sont réussies et mémorabe, des impressions qui restent longtemps, une bonne introduction à l'étrange monde de Jérôme Noirez.

 

Une lecture dans le cadre du challenge "Je lis des nouvelles et des novellas".

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Commentaires
L
On the PAL ! J'aime beaucoup l'univers de Noirez.<br /> <br /> <br /> <br /> Sinon Gromovar tu as les nouvelles à l'unité chez Le Bélial'
G
Ca pourrait être un bon moyen de tester cet auteur sans me lancer dans l'énorme Féérie.
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