Chasseur/victime de Robert Sheckley

Dernière variation de Robert Sheckley sur le thème de la Chasse.

Frank Blackwell et son épouse se trouve sur le site s'un mitraillage aveugle de la part de militants pour l'indépendance du Montenegro. Frank s'en sort indemne, pas son épouse... De retour aux Etats-Unis, il traine sa déprime, fait part d'une envie de tuer, de devenir mercenaire à un barman ex baroudeur. Sans le savoir, il vient d'enter sur l'échiquier du Maître de la Chasse.

Les Chasseurs prirent contact avec Frank Blackwell un soir, pluvieux de novembre, alors que sous un ciel de plomb, les épaules basses, les New-Yorkais attendaient Thanksgiving et sa frénétique cohorte de jours fériés. Bientôt viendrait le temps d'être joyeux, et pour cette simple raison, dans les cinq quartiers de New York, des gens ruminaient des idées d'alcool, de drogue ou de suicide, tout pour ne pas avoir à faire croire que leur vie misérable valait somme toute la peine d'être vécue.

Convaincu, Blackwell est entrainé et préparé pour son premier meutre. Une chasse qui lui permettra de mettre un terme à l'existence d'un sale type, les mains tachées de sang. Las, les choses se révèleront compliquées, l'opportunité d'approcher celui ci étant causée par une vente d'arme aux bénéfices d'une bande de Contras. Une négociation qui fait intervenir divers intermédiaires véreux, impliquent la CIA et une organisation mafieuse occulte utopiste.

Tout le monde surveille tout le monde, le mafieux est averti de la menace qui plane au dessus de sa tête, une tueuse est dépêchée pour le protéger... A partir de là, le récit sombre dans le n'importe quoi et le mitraillage à tout va, malgré le ton sardonique de la narration, agrémentée de digressions ironiques.

- Tout ce que j'essaie de dire, don Alphonso, c'est que compte tenu de ce que nous avons connu et de ce que nous vivons actuellement, le concept d'une organisation de Chasseurs qui tuerait des gens n'est pas si bizarre que ça. Il y a tellement de groupes divers qui tuent des gens pour une raison ou pour une autre, alors pourquoi les Chasseurs n'auraient-ils pas la leur ? Ce n'est pas plus délirant que n'importe quoi d'autre. Bien plus solide, même, quand on sait que la population du globe ne cesse de se radicaliser...

Guzman leva la main. "Epargne-moi un nouveau discours sur ta philosophie, Emilio. On t'a jeté du C.P.N. pour catastrophisme et négativisme.

- C'est vrai. Mais, mi commandante, je vous supplie de prendre cet avertissement au sérieux, même si ces gens risquent d'être des cinglés. Depuis l'invention de la poudre, il faut se méfier des cinglés."

Malgré un début prometteur, ce roman est une grosse déception, le récit tirant plus vers un délire cinématographique à la James Bond qu'un thriller ou un roman noir. Reste l'humour de Sheckley et quelques personnages secondaires bien déjantés, pas suffisant pour le conseiller à qui que ce soit.