Vortex de Robert Charles Wilson
Les journaux télévisés n'arrêtaient pas de parler des lancements en cours à White Sands, ceux de fusées qui injectaient des aérosols sulfurés dans la haute atmosphère pour essayer de ralentir le réchauffement climatique. Contre cette apocalypse imminente là (qui n'était pas de leur fait), les Hypothétiques n'avaient pas offert la moindre défense. Ils protégeaient la Terre du soleil enflé, mais la teneur en CO2 de l'atmosphère ne semblait pas les regarder. Bien entendu, c'était à l'humanité de s'en occuper. Les pétroliers continuaient pourtant à remonter lentement le canal de Houston, l'or noir étant abondant et bon marché depuis que le brut avait commencé à couler en provenance d'Equatoria, ce nouveau monde derrière l'Arc. Les combustibles fossiles de deux planètes pour nous faire cuire, se dit Sandra.
Houston, à une époque se situant entre les évènements de Spin et d'Axis. Sandra Cole, médecin au State Care se voit confier le vagabond Orrin Mather pour diagnostic. Le cas lui est rapidement retiré, pour des raisons osbcures à ses yeux, quand le policier l'ayant amené, Bose lui confie les écrits d'Orrin. Un récit se passant dans un lointain futur, dix mille ans après Axis et narrant le retour de Turk Findley dans un monde qu'il ne reconnait pas.
- Je ne me prétends pas critique littéraire. Mais en le considérant comme la production d'un patient, je ne peux m'empêcher de remarquer qu'il parle beaucoup d'identité, et même d'identités mélangées. Il y a deux narrateurs à la première personne, voire trois, puisque la fille n'arrive pas à décider qui elle est vraiment. Et même le narrateur masculin est quasiment dépouillé de son passé. En dehors des personnages, il y a cet intérêt grandiloquent pour les Hypothétiques et pour la possibilité d'interagir avec eux. Dans la vraie vie, quand les gens affirment parler aux Hypothétiques, c'est un marqueur de diagnostic de schizophrénie.
Le récit alterne alors la lecture du récit futuriste, portant sur Turk Findley, recueilli par une communauté symbiotique uni technologiquement autour d'une même croyance... Sandra, de son côté, constatera que l'intérêt qu'elle porte à Orrin inquiète de puissants mafieux qui tenteront tout pour l'interner ou pire.
Récit en deux temps en alternance, l'un éclairant les années post Spin, l'autre continuant l'intrigue d'Axis. Le premier contient un paradoxe temporel bien mené. Tandis que le second projette le lecteur de plus en plus loin dans le futur de la Terre puis de l'univers, le vertige est au rendez vous.
Assez pessimiste quant à la capacité de l'humanité à gérer son environnement à court terme, Vortex porte aussi le jugement habituel de Wilson sur la foi aveugle et l'effondrement de ce genre de certitudes. Pour le final, on retrouve les ambiances de Spin portées à leur paroxysme, dans des thématiques assez classique que l'on peut retrouver chez Poul Anderson ou Stephen Baxter, mais avec une approche plus humaine.
Bref, Vortex est un petit récit très dense, mais se lisant tout seul, un excellent moment qui conclut parfaitement Spin tout en apportant une légère note d'espoir quant au dénouement de tout ceci. A lire.
Les avis de : AC de Haenne, Gromovar et du Traqueur Stellaire.