La Ligue des Héros de Xavier Mauméjean
On a tort de croire que les Fées sont des créatures
raisonnables et posées. Vivant dans l’instant, incapables de se souvenir du
matin même, ce qui les conduit à reprendre sans cesse leur ouvrage, les Fées ne
se soucient de rien et passent leur journée à se prendre pour des fleurs.
Insouciantes et frivoles, elles ne savent rien faire d’autre que s’agiter. Du
temps où il était responsable de la sécurité royale, Cavor avait plus d’une
fois manqué de se faire transformer en caillou pour avoir ôté les rubans dorés
de ses chères mitrailleuses, ou gratté le glaçage sucré des piques
empoisonnées. Un cauchemar pour l’homme de science, jusqu’au jour où un Garçon
Perdu avait trouvé la mort.
Le malheureux s’était cru capable d’ingérer un obus à sa
sortie du canon, et les faits lui avaient démontré le contraire. On avait
retrouvé sa tête près de l’étang aux carpes, sincèrement étonnée, et Cavor
s’était vu détaché le soir même auprès de sir Baycroft et sa Ligue des Héros.
Depuis, il revivait.
Un vieillard amnésique livré brutalement à sa fille en
Angleterre au cours des années 60… Alors qu’il s’adapte plus ou moins à cette
famille qui ignorait son existence, la mémoire lui revient en lisant des pulps
puis des comics. Il est Lord Kraven, un des membres de la Ligue des Héros
chargés de protéger l’empire britannique des agissements d’adversaires haut en
couleur et des personnages féériques échappés du Peter Pan de James Matthew
Barrie… Des aventures exaltantes au cours de l’époque victorienne. Beaucoup de
flashs au travers desquels on finit par distinguer une histoire britannique qui
tourne mal, autant de raisons pour décider le vieillard à reprendre du service…
L’hôpital St Thomas avait été réquisitionné au début du
siècle, de façon à accueillir les immigrants du Pays de Nulle Part. Une sorte
d’Ellis Island londonien où, après avoir pris acte de leur excellente santé, on
remettait à chaque Imaginaire un savon, une couverture et une miche de pain. A
l’époque, l’endroit n’était qu’un simple lieu de passage, un point d’arrêt
obligé avant l’entrée dans le monde des humains. Ce n’était plus le cas.
Dans ce roman, Xavier Mauméjean réussit à mélanger des influences très diverses, tant la fantasy élégante de Barry que le désenchantement de Moore dans une ambiance steampunk devant beaucoup à Verne, Wells, Burroughs et Doyle. Un mélange étonnant mais parfaitement maîtrisé menant vers une fin surprenante. Un roman très agréable mêlant hommage et relecture.
Rafraichissant, élégamment référencé, La ligue des héros n’est sans doute pas le roman le plus marquant de Mauméjean mais une lecture très agréable et surprenante.
Il m'a donné envie de le lire : Les chroniques de Nébal sont ICI et LA.