Le Trône d’ébène de Thomas Day
Dans l’ombre, Nandi la lionne, la plus belle des mères de
Quobé, veillait à ce que son fils restât sur le chemin de la douleur. Elle se
refusait à intervenir ou à protéger Chaka de la méchanceté des autres garçons
du village, non par cruauté envers lui, ou pour se venger de Senza N’Gakona
qu’elle continuait d’aimer de tout son cœur bien qu’il les ait abandonnés, mais
parce que ses rêves remplis de serpents lui murmuraient que Chaka étaient
promis à un grand avenir, et que ce
futur, sifflant et crachant comme le mamba, ne pouvait prendre racine que dans
une quantité inimaginable de supplices et d’humiliations. Rien n’égale la
fureur d’un animal blessé, se répétait silencieusement Nandi, jour après jour,
en observant son fils perdre ses batailles sans jamais pleurer, les gagner sans
jamais rire ni se moquer.
Reprenant le principe de La Voie du sabre, Thomas Day,
s’empare de Chaka, roi des zoulous pour le plonger dans un univers de fantasy
légère où les dieux ont une existence et une puissance avérées bien que
subtiles.
Enfant rejeté avec sa mère suite aux manigance des premières
épouses de son père, Chaka sera élevé dans le mythe de la prophétie zoulu. Guidé
et manipulé par la
sorcière Isangoma. L’enfant battu et isolé deviendra un solide jeune homme qui
commencera alors son irrésistible ascension.
Quête fantastique, intrigues, guerres, violence et mort dans
le sud de l’Afrique. L’ambiance est suffisamment dépaysante pour que le roman
fonctionne parfaitement jusqu’au final magistral. Le combat d’un homme pour
sauver ses dieux de l’arrivée des occidentaux.
L’épopée de Chaka, d’enfant martyrisé à celle d’un Caligula
africain se dévore. Les pages filent sans ennui et le côté violence esthétisante
de « La Voie du Sabre » est absent sans pour autant sombrer dans le
gore de « L’homme qui voulait tuer l’empereur ».
Un roman parfaitement maîtrisé et par son décor très
original.
C’est à cette période de sa vie que Chaka prit l’habitude de regarder les étoiles et de se dire qu’il y en avait autant que ses ennemis sur terre. Autant d’ennemis, si ce n’est plus…