Temps de Stephen Baxter
« Bien sûr, Emma savait que Reid Malenfant – son astronaute
raté d’ex-mari, et son patron actuel – achetait des moteurs de navette spatiale
et les mettait à feu dans le désert californien. Elle croyait que ça faisait
partie d’un plan compliqué de traitement des déchets.
Elle ignorait qu’il avait l’intention d’utiliser les fusées
pour se rendre dans les astéroïdes.
Pas avant que Cornélius Taine ne lui en parle.
De cela, et de bien d’autres choses encore. »
Cornélius Taine est un mathématicien, brillant mais obsédé par la catastrophe de Carter : la fin de l’humanité. Très proche d’après des calculs statistiques alambiqués, douteux mais difficilement réfutables.
La rencontre de Taine et Malenfant sera explosive, ensemble
ils oeuvreront pour ce qu’ils pensent être le bien de l’humanité, la fin
justifiant les moyens. Même modifier génétiquement des calmars afin d’en faire
des astronautes, puis d’en faire des concurrents de l’humanité pour la conquête
du système solaire !
« Nous perdons vingt-cinq milliards de tonnes de terres
arables par an, l’équivalent de six déserts des années 30. Les nappes
phréatiques – comme celle qui se trouve sous notre ceinture céréalière –
s’épuisent. Nos plantes modernes génétiquement uniformes ne se révèlent pas
très résistantes aux maladies. Et ainsi de suite. Nous sommes face à des
problèmes qui échappent de plus en plus à notre contrôle, de manière
exponentielle.
Je vais vous le dire autrement. Imaginez un nénuphar dont la
taille double tous les jours. Il couvrira votre mare dans trente jours. Pour
l’instant, il a l’air inoffensif. Vous pensez peut –être que n’aurez pas besoin
d’agir avant qu’il ne recouvre la moitié de la mare. Mais quand cela
se produira-t-il ? Le vingt-neuvième jour.
Mesdames et messieurs, le vingt-neuvième jour est arrivé. »
Temps est sans nul doute un roman de hard science, toutefois
la forme du roman de Baxter, alternant les points de vue et insérant des
extraits d’articles de journaux, de points de vue de personnes lambda ou
d’excités sur Internet, en rende la lecture aisée. Ici point d’explications scientifiques
qui laissent le lecteur sur le bord du chemin.
Par contre les personnages sont de vrais déserts affectifs,
quasi autistes, tenant plus de la caricature du savant fou jouant aux apprentis
sorciers. Difficile de s’accrocher à de tels individus.
Même si l’idée du roman m’a rappelé quelques romans d’Arthur
C Clarke et une nouvelle d’Isaac Asimov, son traitement, plein de rigueur
scientifique (sa bibliographie est présentée en postface), la rende
intéressante.
Baxter s’intéresse au devenir de l’univers, son roman est
sombre et apocalyptique, mais n’accorde que peu de place à l’humain, sauf pour en dresser un portrait détestable, contrairement
à Greg Egan ou Robert Charles Wilson.
Ses personnages deviennent rapidement antipathiques et les
calmars de l’espace, intervenants secondaires, sont rapidement beaucoup plus
sympathiques.
Pas désagréable mais pas totalement convainquant non plus,
le roman se suffit parfaitement à lui-même et ne m’a pas donné envie de lire la
suite qui vient de paraître.