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Les lectures d'Efelle
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1 septembre 2015

Bastard Battle de Céline Minard

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Ainsi passait notre temps. Plus le gain était maigre, plus l'art était cruel.

1437, la troupe du batard Aligot de Bourbon s'empare de la ville de Chalons et la met à sac sans retenue. Un clerc errant, ivrogne et habile à manier le bâton assiste à la scène en spectateur quand tout droit sortie des tréfonds de l'église quelqu'un sème le trouble au sein de ce petit massacre bien organisé.

Les donjons sont plein de secrets passages, je le says. J'allais pour y voir quand un drille du bastard nommé Pochon Laumières sortit tout courbé de dedans l'église, la gorge dans les mains d'où coulait un sang abondant, gargouillant au lieu de crier, révulsé. Il arrosait les alentours en battant du pied, en fureur. Et voulant montrer derrière l'église noire qui l'avait rejeté comme un succube, il ôta une main de sa gorge. Le sang lui sortit du cou en un jet, il s'effondra à genoux puis tout du long.

Ce quelqu'un n'est autre que Vipère-d'une-toise, une guerrière talentueuse maniant la lance comme pas un... Le batard entre en fureur mais est néanmoins humilié... Humiliation qui se répètera lorsque sa route croisera celle du ronin Akira lors de la mise à sac d'un monastère. Enfin, le gant sera jeté par un chevalier errant qui réunira autour de lui les deux voyageurs orientaux et une poignée de mercenaires écoeurés par les manières et l'absence de subtilité du batard. Accompagnés de Denysot le clerc, dit Spencer Five, notre narrateur, ils reprendront la ville au batard. Ne restera alors que le plus difficile, la tenir, avec ce qui reste de la population, contre le retour du fou furieux et de sa bande de pillards.

Si tôt levée la herse, si tôt baissée, mais cette fois, il en passe un plein escadron. Les katanas rutilent dans le jour gris, trempés d'huylle, et tranchent dans la viande, aux jarretz des hommes sur les chevaux, aux jambières, aux épaules, aux braz toujours, pour la Florinière. Akira, au plus près de la porte, quasi dans les pieds des bestes, esquive et coupe à double rebras. Son sabre ruiselle de sang, dégorgeoir plein, vole et tranche en éparpillant mille gouttes rouges nacarat. Il est à cet instant dans la forêt de bambous sanglants, dans la lumière, faucheur de vent portés par la grâce du mouvement, frische danceur et lent, foudroyant éclair immobile, nuée de perles en suspens.

Avec ce petit roman, Céline Minard nous joue un anachronique film d'action asiatique entre kung fu et chambara. La langue archaïque inventée pour l'occasion, matinée d'expressions étrangères du fait des nombreuses nationalités en lice, séduit autant qu'elle déstabilise quant apparaît quelques termes des plus modernes. Défouloir hommage, Bastard Battle remplit son contrat efficacement, alternant l'horreur des massacres avec un humour décalé. Un bon moment.

Il m'a donné envie de le lire : Nébal.

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Commentaires
L
Je l'avais feuilleté, et il m'avait paru très étrange, si ce n'est carrément déstabilisant. J'ai toujours un peu de mal avec les langues archaïques, mais ce que tu en dis me pousse à m'y intéresser de plus près, merci. ;)
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