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Les lectures d'Efelle
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28 août 2015

Le royaume des Devins de Clive Barker

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Rien ne commence jamais.

Il n'existe aucun instant initial ; aucun mot ni aucun endroit d'où cette histoire ni aucune autre puisse jaillir.

Les fils qui tissent un conte peuvent toujours être retracés jusqu'à un conte plus ancien et jusqu'à ceux qui l'ont précédé ; même si les relations semblent de plus en plus ténues à mesure que s'estompe la voix du conteur, car chaque époque exige que le conte soit dit comme s'il était son oeuvre.

Tout commence par Calhoun Mooney courant dans Liverpool après un des pigeons voyageurs primés de son père, qui lui a échappé... La bestiole et tous les autres volatiles de la ville le mène jusqu'à une maison décrépie, dont la propriétaire vie ses derniers instants à l'hopital tandis que ses créanciers pillent la demeure... Cal tombe sur un tapis, étrange, envoûtant, qui le hantera.

Pendant ce temps, Suzanna recueille les dernières pensées de la propriétaire des lieux, sa grand-mère agonisante.

Ces deux trajectoires seront réunies par la brutalité impitoyable d'Immacolata, puissance étrange et de son sbire Shadwell, vendeur de chimère et preneur d'âme.

L'étrangeté de l'histoire dans laquelle elle avait pénétré en revenant à Liverpool avait plongé ses capacités de jugement dans le chaos. Mais ici, dans les pages de ce livre, elle trouvait un état de choses dans lequel rien n'était fixe ; où régnait la magie, qui apportait avec elle miracle et métamorphoses. Elle s'y était jadis promenée, et loin de s'y sentir perdue, elle aurait pu passer pour un des habitants du lieu. Si elle parvenait à retrouver cette insolente indifférence à l'égard de la raison, et laisser celle-ci la conduire dans le labyrinthe qui se trouvait devant elle, elle réussirait peut-être à appréhender les forces qu'elle savait sur le point de se déchaîner autour d'elle.

Avec cette gigantesque fresque de fantasy urbaine, Clive Barker, livre un récit surprenant, fascinant et parfois écoeurant. Si le thème du royaume caché et du vendeur démoniaque ne sont pas nouveaux, Barker les utilise à bon escient, les remaniant pour mieux se les approprier. L'histoire est vaste, pleines de rebondissements et de tragédie, difficile de deviner où tout cela va, les allusions du début ne prenant vie que vers la fin.

Il semblait y avoir quelque chose qui ressemblait à de la pitié dans la voix d'Immacolata.

"Ainsi commence ta peine, reprit-elle. Et elle ne prendra jamais fin. Crois-moi. Tu aurais dû vivre et mourir comme un Coucou.

- Est-ce ainsi que Mimi est morte ?" dit Suzanna.

Les yeux de glace clignèrent.

"Elle savait quels risques elle prenait. Elle avait du sang de Devin, et il a toujours coulé librement. Tu es aussi de leur sang, grâce à ta salope de grand-mère.

- Devin ?" Tant de mots nouveaux. "S'agit-il du peuple de la Fugue ?

- C'est un peuple de morts, fut la réponse. Ne vas pas les voir en quête de réponses. Ils ne seront bientôt plus que poussière. Emportés dans l'oubli comme tout choses en ce Royaume puant. Dans la poussière et la médiocrité. Nous y veillerons. Tu es seule. Comme elle l'était."

Deux protagonistes attachants et des personnages secondaires marquants, tout en nuance de gris, pris dans une trame loin de tout manichéisme, font de ce récit un très bon moment. Une lecture des plus recommandables.

 

Une lecture dans le cadre du challenge Pavé de l'été.

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Commentaires
V
J'avais beaucoup aimé ma lecture, par contre certains passages m'ont juste horrifié (ce qui m'arrive pas si souvent que ça dans les romans).
B
Tu m'intrigues avec le côté "parfois écoeurant" du récit (je sais, il n'y a pas que ça :)) ...<br /> <br /> Couverture très réussie, en tout cas !
Les lectures d'Efelle
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