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Les lectures d'Efelle
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18 mars 2015

Wild Cards

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Anthologie dirigée par George R. R. Martin dans les années 80, Wild Cards propose à un panel d'auteurs de travailler de concert sur un même univers, initialement issu de parties de jeux de rôle. Ces dernières ont finalement été évacuées pour des raisons de redondances et de narration, d'après la postface, et l'invivation d'auteurs extérieurs au groupe initial.

Ainsi commence Wild Cards avec son univers légèrement uchronique où des extra-terrestres, génétiquement proches des humains, sont venus tester un virus chaotique, faisant de la minorité qui lui survit des freaks, véritables phénomènes de foires, nommés jokers, ou des super héros (ou criminels), nommés as.

Invité sur le projet,  Howard Waldrop le remet à plât en situant la nouvelle initiale en 1946, une aventure très "pulp" et rétro futuriste, mettant en scène un des derniers héros de la guerre. Une nouvelle sympathique, illustrant la fin d'une époque et le début d'une autre.

Il avait quatorze ans quand le sommeil devint l'ennemi, sombre terreur qu'il apprit à redouter comme d'autres la mort. Il ne s'agissait toutefois pas d'une névrose, sous une des ses formes les plus mystérieuses. Une névrose comprend d'ordinaire des éléments irrationnels, tandis que sa peur à lui découlait d'une cause spécifique et suivait un cours aussi logique qu'un théorème de géométrie.

Roger Zelazny poursuit la pose des bases de l'univers avec Le dormeur, mettant en scène un des personnages les plus atypiques de la série. Sympathique mais pas exceptionnel.

- Réjouissez-vous des rester dans l'ombre, David et toi. La rancoeur des démunis envers les nantis n'est jamais belle, et votre race a coutule de témoigner autant de soupçons que d'hostilité aux étrangers. Les as sont plus qu'étrangers. Que dit l'un de vos livres saints, déjà ? "Tu ne laisseras pas en vie la magicienne."

Mais le meilleur du recueil arrive avec Walter Jon Williams et Melinda M. Snodgrass livrant chacun des nouvelles complémentaires sur la Commission des activités anti-américaines et le MacCarthysme. Le témoin de Williams est violemment ironique et acide tandis que Rites de dégradation de Snodgrass à une dimension tragique bien maîtrisée.

Michael Cassutt porte son intérêt sur Hollywood mais peine à convaincre tandis que David D. Levine en traitant de l'espionnage au temps de la Guerre Froide livre un récit sympathique, bien mené.

"Il m'a serré la main un jour. Pour l'élection contre Nixon, il est venu faire un discours au Club Chaos. En repartant, après, il a pris un bain de foule." Le portier sortit de sa poche sa main droite - dure et chitineuse comme celle d'un insecte, ornée en son centre d'un amas de gros yeux morts. "Il n'a même pas sourcillé. Il m'a juste dit en souriant qu'il espérait que je penserais à voter."

Tachyon connaissait cet homme depuis un an, mais n'avait encore jamais vu sa main. Il aurait voulu imiter Kennedy, se saisir de cette griffe tordue, en admettre l'existence, la serrer. Il tenta de sortir sa propre main de la poche de son manteau mais sentit la bile lui remonter dans la gorge. Il ne parvint qu'à regarder ailleurs. "C'était un type bien."

G R. R. Martin fait de même, en introduisant son personnage nommé La Tortue dans Partir à point, sympathique et maîtrisé mais pas exceptionnel, loin de ses meilleurs textes.

Tranchant complètement des textes précédents, Lewis Shiner livre avec La sombre nuit de Fortunato, une nouvelle lorgnant vers le polar noir, à l'ambiance poisseuse et inspirée sur fond d'années soixante. Un très bon moment.

Victor Milàn avec Transfigurations se concentre pour sa part sur la fin des hippies et les mouvements psychédéliques, dépaysante, amusante et légèrement cynique.

Edward Bryant et Leanne C. Harper se plantent dans les largeurs avec Au tréfonds, un texte mal fagotté sur les sous sols de New York et la mafia qui ne convainc pas, alligators dans les égouts ou pas.

Ficelles de Stephenb Leigh réussit à présenter un des as, les plus cruel et terrifiant, tout en nous plongeant dans la lutte des Jokers pour leurs droits. Un texte bien conçu et assez apre.

Carrie Vaughn, avec La fille fantôme à Manhattan, livre un texte relativement classique et pas trop inspiré sans être déplaisant. Les débuts d'une jeune femme se découvrant des capacités d'as lors d'une sortie dans les bas fonds.

Enfin La venue du chasseur de John J. Miller inverse les valeurs avec un protagoniste, non infecté, sur fond d'Amérique post Vietnam. Un récit noir parfaitement maîtrisé et des plus agréables.

Wild Cards, sans être exceptionnel, se révèle une distraction agréable et comporte quelques textes des plus honorables. Une autre approche des super héros qui doit énormément à ses jokers pathétiques et constitue un bon moment.

Les avis de Yossarian, Lorhkan, Bibliomanu.

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Commentaires
V
Je suis intriguée mais je crois que je vais plutôt le guetter en bibliothèque celui-là.
A
J'ai passé un bon moment moi aussi :) Tous les textes ne m'ont pas parlé avec la même force. Et je me sentais plus proche de certains personnages. Ceci dit, j'ai beaucoup aimé voir le déroulé des conséquences d'un événement sur plus de 20 ans. J'apprends par le commentaire de Lorhkan que deuxième volume est sorti :)
L
J'en garde un bon souvenir, et j'ai d'ailleurs le volume 2 qui m'attend sagement.<br /> <br /> En espérant une qualité au moins identique à ce premier tome.
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