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Les lectures d'Efelle
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7 février 2014

Les Furies de Boras d'Anders Fager

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Recueil de nouvelles pas totalement indépendante, certaines s'interpellant, Les Furies de Boras est un recueil qui dépoussière Lovecraft... Une plongée au sein de l'univers du maître mais du point de vue d'adorateurs d'entités indicibles.

Anna boit une gorgée de vin et observe le monde à travers le fond de son verre. Il a presque l'air plus normal ainsi. Comme si un miroir déformant modifiait chaque élément du décor. Elle ferme les yeux et laisse tout tourner. Elle pense aux filles des filles des serpents. A des années-lumières. A des forêts de bras oscillant lentement. A des tentacules épais comme des troncs d'arbres. A la mort. Elle fait des vrais rêves de camés ces temps-ci.

Les Furies de Boras ouvre le bal, littéralement, avec ces adolescentes et jeunes femmes, prédatrices d'une nuit dans leur traque d'un gibier masculin propre à mener à la tourbière, par delà les bois, derrière la boite de nuit... Efficace et sympathique.

"Souffle." Vielle mère porte sa main à sa bouche. "Seuls les hommes peuvent appeler Ittakkva." Bjarne acquiesce. Il sait qu'il en est ainsi, qu'il y a des règles. Exactement comme dans la légende. Les lutins ne peuvent pas marcher sur du sel. Les trolls éclatent s'ils sont exposés au soleil. Ittakkva n'écoute pas les femmes. Le bouc dans la tourbière ne prête pas attention aux hommes. Il en est ainsi. Il sent la flûte contre ses lèvres. La pierre, qui à le goût de peau et l'odeur de Vieille mère. La mère de Maret. La grand-mère de Siv et de Lene. Sa famille. La famille qui l'a laissé entrer, lui, un homme des basses terres, parce qu'il était bon. Un homme qui était censé les protéger, mais qui a échoué et a été réduit à un tas de chair et d'os en miettes dans la neige. Un homme brisé, qui n'a plus rien d'un homme.

Le voeu de l'homme brisé, nous plonge dans le passé d'un hameau norvégien. Le jour où celui ci est traversé par une armée en déroute... Des hommes affamés n'ayant rien à perdre. Bjarne, fermier local en fera l'amère expérience et se verra offrir une possibilité de vengeance, tout aussi amère. Apre et prenant, une réussite.

Joue avec Liam commence comme une transposition horrifique d'Alice aux pays des merveilles, avec un gamin échappé d'une maternelle, avant de virer vers des ambiances à la Stephen King grâce un décors plus urbain. Efficace et plaisant dans le malaise diffus provoqué par la cruauté enfantine.

Il y a des relents d'Innsmouth dans Trois semaines de bonheur, Malin vit en recluse dans son magasin d'aquariophilie, isolé par ses multiples problèmes de peau... Ignorante quant à ses origines et ce malgré une enquête poussée, elle subit des pulsions régulières qui l'amène à chercher, dans les bars du port, une étreinte sauvage. Une petite merveille d'efficacité, une ambiance poisseuse et glauque. Un excellent texte.

Un point sur Västerbron revient sur une mystérieuse affaire de suicide de masse. Le texte laisse sur sa fin, du fait de l'absence de révélation mais maintient l'attention avec un final cynique sur les associations de famille de victime.

Jeux érotiques et exploration des portes de la mort dans Encore ! Plus fort !, un texte qui introduit surtout le dernier du recueil et ne satisfait pas totalement, là encore par manque de clé. Pas désagréable mais sans rien d'inoubliable.

Elle n'est pas très vieille et n'y connaît rien en médecine, mais un médecin qui ne fait que parler ? On ne peut pas faire cesser des rêves ou aider une personne à mieux dormir rien qu'en parlant. Quand on souffre d'insomnie, on boit un cognac, non ? Maman le fait parfois. Ou alors un dérivé d'opium. Elvira Wallin a lu des choses au sujet des opiacées. Des médicaments orientaux qui font rêver. Qu'on chevauche des dragons. Cela à l'air passionnant. Peut-être pourrait-elle descendre à la cave sur le dos d'un dragon et tuer tous ceux qui vivent en bas. Tuer l'affreuse chose qui l'attend à la cave. Nuit après nuit. Dans l'humidité et les ténèbres.

Petit détour au XIXe avec L'escalier de service, un pionner de la psychanalyse à pour patiente une jeune femme, hantée par un cauchemar récurent. Si la chute est prévisible dans le contexte du recueil, la nouvelle n'en reste pas moins prenante et agréable, un bon moment.

Le recueil se conclue sur Le bourreau blond, narrant la lutte entre deux vieux sorciers et reprenant des protagonistes de deux des textes précédents. Plongée hallucinée dans un service de gériatrie dément, sympathique et efficace.

Les nouvelles sont alternées avec des textes un peu plus courts, nommés Fragment, qui complètent la plupart du temps les nouvelles principales ou font le lien entre elles. Du sympathique à l'anecdotique, ces textes sont globalement moins réussis.

Au final, un recueil des plus satisfaisants transposant l'horreur cosmique de Lovecraft en Scandinavie... Dépaysant, déjanté

 

Une lecture vivement conseillée par la Librairie Scylla et l'avis de Gromovar.

 

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