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Les lectures d'Efelle
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16 novembre 2013

Plop de Rafael Pinedo

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Ils devaient tous répondre d'eux-mêmes. Si quelqu'un n'était pas apte, parce qu'il était malade, trop jeune ou n'importe quoi d'autre, il ne pouvait voyager que si quelqu'un se l'appropriait.

Et si pendant le trajet il gênait, les deux, l'approprié et le propriétaire, étaient recyclés.

Plop est venue au monde au sein d'une Groupe, une communauté semi nomade qui survit dans le chaos d'un monde post apocalyptique plus que décrépi. Le Groupe est fortement hiérarchisé, les infirmes et inutiles se retrouvent vite en première ligne, en tant qu'appâts à chiens ou chats sauvages, ou sont recyclés : la viande pour nourrir la poignée de cochons domestiques, le reste pour servir d'outils. Plop a été récupérée dans la boue par la vieille Goro, une figure cynique et prestigieuse du Groupe. Sa mère catatonique, usée, épuisée n'a pas vécue longtemps...

Il pleut. Toujours.

Des fois très peu, comme de l'eau qui flotterait. D'autres fois, souvent, c'est un mur liquide qui cogne la tête. Il n'y a que celle-ci qu'on peut boire. Une fois qu'elle tombe, elle devient impure. "Polluée", c'est le mot que les vieux emploient.

On marche dans la boue, entre de grands tas de ferraille, de décombres, de morceaux de plastique, de chiffons pourris et des boîtes de fer-blanc rouillées.

Arrivé à l'âge adulte, il se retrouve au bas de l'échelle sociale du Groupe, proche du recyclage mais le maigre enseignement de Goro a porté ses fruits... Lentement mais sûrement, Plop va manipuler son entourage, accepter, docilement en apparence, les humiliations pour commencer une irrésistible ascension.

Le cheminement et la chute annoncée de Plop font sens dans ce monde dégoulinant et sans avenir... A quoi bon survivre quand tout se délite et va de mal en pis. Barbare ! sauvage !  Braille la vieille Goro, dont on ignore si elle même mesure bien l'ampleur du désastre ou si elle ne fait qu'annoner un savoir dont la signification s'est perdue.

Plop était assis face au feu. Seul. Personne ne s'approchait trop près de lui. De temps à autre, l'un des siens jetait un morceau de bois.

Il était ivre. Très ivre. Les flammes lui donnaient le tournis, mais il ne cessait de les regarder. Il voyait des silhouettes, des visages. Il bredouillait, personne ne faisait attention à lui, il parlait au feu.

Ironique, cynique et acerbe, Plop est une réussite. Ce monde décrépi, boueux, pollué où la vie n'a pas une grande importance, prend forme et vie très rapidement. On patauge, on voit ce petit monde muté au fil des pages, un sourire sardonique aux lèvres jusqu'au Plop ! final. Excellent.

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Commentaires
L
Je confirme, sombre et excellent.
J
Un de mes libraires m'avait déjà conseillé ce livre. Tu confirmes donc son avis et me donne envie de le lire un jour.
E
Ca risque de plaire à un passionné du genre que je connais ;) Merci pour l’article.
L
Je crois que Lune en avait aussi parlé sur son blog. Je l'avais déjà noté à l'époque.<br /> <br /> Je le renote. Merci !^^
G
Je le note.
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