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7 octobre 2013

Palabres d'Urbano Moacir Espedite

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Berlin dans les années 30, un frère et une soeur italiens ont échoués dans les bas fonds suite à une tentative ratée de captation d'héritage d'un vieil aryen. Alors que Magdalena tient un infâme bouge où elle écoule de la gnole artisanale, son frère tente de remonter la piste d'une drogue qui fait fureur...

Certains soirs, Magdalena tente de stimuler un peu sa clientèle en recueillant de vieux artistes de cabaret. Par exemple cette vieille contorsionniste grecque perclue de rhumatismes, qui ne contorsionne plus grand-chose, mais qui a une façon bien à elle de ne pas quitter sa cigarette d'un bout à l'autre de son numéro. Les fumeurs sont épatés. Et lorsque par mégarde elle enflamme les franges de son costume à paillettes et lance de sa voix rauque un chapelet de jurons incompréhensibles, cela lui vaut un bravo général.

En menant son enquête, Rosario débarque dans un bordel. Une des pensionnaires, Milla semble être la source de cette drogue de synthèse. Son père la produirait et sa mère, proche des industries Krupps, la distriburait en se servant de son épave junkie de fille. Rosario, remonte ce fil, emportant dans ses bagages, Milla et l'amoureux transi de celle ci : Hirsute, avorton et rejeton de la mère maquerelle. Malheureusement, l'irruption de la SS, enragée de perdre l'exclusivité de cette drogue, vient mettre un terme définitif aux rêves d'association de Rosario et à la production de la substance illicite.

Mais Rosario est un homme plein de ressources, apprenant que Milla est la descendante d'une tribu de rouquin au teint pale d'Amérique du Sud, les Farugios. Ni une, ni deux le voilà en train de tirer des plans sur la comète pour proposer en mariage à des aryens fanatiques des femmes exotiques et pure selon leur idéologie raciste. Le voilà parti avec Milla et Hirsute, à bord d'un navire français à l'équipage et aux passagers pour le moins improbable...

Pendant ce temps là en Amérique du Sud, les Farugios, récemment implantés en bordure du Nuevo Rico, sont confrontés à un choc culturel face aux sinistrement industrieux Guardanais... La violence de ces derniers provoquant pour la première fois un mouvement de révolte.

Cette agression linguistique a agi comme un déclic dans la conscience des Farugios : après des siècles des persécutions, eux qui jusque-là n'avaient jamais dérogé au profond pacifisme qui était, avec le Verbe, le socle de leur culture, préférant toujours le dialogue à l'affrontement, sont soudain sortis de leur réserve. Pour la première fois, ils ont fondu sur leurs agresseurs, armés de leurs fouets à lama. Ulcérés, ils ont tapé de toutes leurs forces. "Ira furor brevis es..." : le missionnaire n'a jamais fini sa phrase, il a eu la langue coupée par une mèche de chanvre. Quelques robes sont encore tombées sous les sifflets, les autres se sont enfuis à toute caligae.

Depuis, cet épisode, les Farugios ne cessent de s'enorgueillir, de s'agiter et de s'affirmer comme un peuple indépendant et fier.

Violemment délirant, Palabres dépeint un monde fou et sinistre mais non dénué d'un certain humour. La galerie de personnages est hallucinée : de Rosario et ses plans tortueux à Serena la révolutionnaire Farugios (opposée aux factions de son fils et de son époux), personne ne semble avoir le sens des réalités. Sans parler de la société guardanaise outrageusement caricaturale ou du langage improbable des Farugios. Bref, Palabres est un roman aux nombreuses facettes, dôtée d'une intrigue à tiroir capable des rebondissements les plus surprenants...  Drôle et sombre à la fois, un bon moment.

 

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