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Après sa prise de pouvoir, il ne lui avait pas fallu longtemps pour se rendre compte que son frère l'avait laissée grandement handicapée, quelle que soit la façon dont il s'y était pris. Les gens abandonnaient la consommation de brume, et leurs souvenir des cauchemars induits par la drogue demeurait si vivaces qu'aucun ne ralluma sa pipe. Ce fut sans effet dans les premiers temps après la chute d'Hanish. Il y avait beaucoup à faire, amplement de quoi occuper l'esprit de la populace.

Mais très vite, leur lucidité devint un problème. Ils l'observaient, et leur mécontentement croissait. D'abord une nation réclama l'indépendance, puis une autre, se plaignant d'être écrasée par les impôts, affirmant que durant la nuit des agents inconnus venaient leur voler leurs enfants, citant les serments faits par Aliver comme si c'étaient les paroles d'un livre sacré. Corinn se persuada qu'elle devait manoeuvrer, cajoler, soudoyer, flatter et punir sans discontinuer, précisément parce que le peuple n'était plus sous l'emprise de la drogue. Aucun monarque Akaran depuis Tinhadin n'avait travaillé aussi dur qu'elle le fit. Et si elle avait réprimé les dissidences avec autant de vigueur, pour ne pas dire brutalité, la faute en incombait à ceux qui sortaient du droit chemin ! Elle n'avait pas hésité à employer les services des Numreks pour mener à bien cette tâche.

Neuf annnées se sont écoulés depuis la Guerre du Mein, Corinn tient fermement les rênes du pouvoir avec l'appui des Numreks et de la Ligue. Les institutions des Akaran sont maintenus dans toute leur cruauté, les promesses d'Aliver ont suivi le même chemin que ce dernier. Bien que maîtrisant de mieux en mieux la magie, Corinn est une impératrice hantée par le spectre de sa destitution. Les révoltes sont écrasées et les rebelles traqués. C'est seulement avec son fils qu'elle devient humaine. En effet son frère et sa soeur sont manoeuvrés tel des serviteurs : Mena chargé de traquer et éliminer les monstres que la croisade d'Aliver a engendrée, Dariel chargé d'accompagner la Ligue au-delà des Flots Gris vers les peuples dont elle préservait le secret... C'est aussi le moment pour la Ligue et les Numreks de mettre en train leurs agendas respectifs.

Après un premier tome dense et centré sur quelques personnages emblématiques, David Anthony Durham développe son univers à travers un récit choral.  Multipliant les intrigues et promesses d'apocalypse pour le dernier tome de cette trilogie.

Cheminement des héritiers Akaran, anciens personnages secondaires prenant de l'importance, nouveaux intrigants, il se passe beaucoup de choses en de nombreux endroits en peu de temps. L'intrigue n'avance pas des masses tant l'apparition de nouveaux éléments la ralentisse. Le récit reste agréable mais l'on ne peut s'empêcher d'avoir un sentiment de frustration arrivé à la fin contrairement au premier tome. L'univers a pris énormément d'ampleur mais Durham a ouvert plus de pistes qu'il n'en a fermé. Un moment sympathique mais dépendant étroitement de la suite pour pouvoir le juger...

 

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