Victimes et Bourreaux
Troisième anthologie des Imaginales d'Epinal dont le thème, ou la couverture à moins que ce ne soit l'absence de buzz ne m'attirait pas plus que cela. C'est finalement Gromovar qui m'a convaincu de me lancer.
Charlotte Bousquet ouvre le bal avec La stratégie de l'araignée et prend à bras le corps la problématique : une femme accusée de sorcellerie est torturée. Heureusement rien n'est simple dans cette histoire, les frontières sont floues entre le bourreau et la victime, la magie opère, on en redemande. Il ne me reste plus qu'à aller acquérir Matricia et surtout lire les deux autres romans de Charlotte Bousquet présents dans ma bibliothèque.
Qjörll l'Assassin de Michel Robert ne m'a pas enthousiasmé. Un petit groupe de mercenaire tente de ramener vers la civilisation un bandit de grande classe. Entre l'assassin retors et rétif qui ne souhaite pas être livrer à la justice et les bandes de guerriers nomades qui harcèlent la troupe on retrouve bien le thème du Western. C'est là que le bât blesse, il m'a paru que la transposition était maladroite, les revolvers ayant simplement été remplacés par des arbalètes. Pas convainquant et peu original.
Porter dans mes veines l'artefact et l'antidote de Justine Niogret met en scène un cirque étrange, traversant visiblement les univers pour présenter une faune bien maltraitée... Je n'ai pu me départir de l'impression de lire un texte de SF mais surtout de rester sur ma faim, le récit étant sans surprise.
Que justice soit faite ! de Maïa Mazaurette met en scène un fanatique religieux au cours d'une épidémie de peste. Manichéen et sans intérêt.
Avec Qui sera le bourreau ?, Pierre Bordage fait la démonstration de son talent de conteur. Un tyran vient d'être défait par une coalition et l'on recherche des témoins ou des victimes des atrocités qu'il commanditées. De témoignages à réminiscences, on découvrira que le monstre n'est pas forcément unique...
Ton visage et mon coeur de Nathalie Dau met en scène, dans un contexte crépusculaire, une passion dévorante et destructrice. Bien amenée et narrée, un excellent moment.
Que ce soit par la préciosité des descriptions qui tranchaient avec le reste du texte, la veulerie du narrateur ou l'univers présenté, je n'ai pas accroché à cette histoire de bizutage qui tourne mal dans Frères d'Armes de Jeanne-A Debats. Un gros bof.
Désolation de Jean-Philippe Jaworski met en scène une petite troupe de nains et leurs porteurs gnomes tentant de ravitailler une cité alliée assiégée par des peaux vertes, en passant par une cité troglodyte abandonnée où sommeille un dragon. A partir d'un synopsis digne des pires romans de licence, Jaworski tisse une trame très subtile, prenante et surprenante. Un excellent moment à la fois épique et fin.
Le deuxième oeil de Sam Nell m'a furieusement fait penser de Jodorowsky et Bess en moins bien. Laborieux et pas convainquant.
Avec Au-delà des murs, Lionel Davoust nous plonge dans un univers mi fantasy mi steampunk (je laisse la dénomination exacte aux maniaques de l'étiquettage) à travers le regard d'un vétéran, profondément marqué par le dernier conflit. Réminiscences coupables de massacres et paranoïa sont au programme pour cette nouvelle qui cultive l'ambiguïté. Un très bon texte.
Le démon de mémoire de Paul Béorn ne m'a pas convaincu sans être déplaisant pour autant. Il manquait un petit quelque chose pour emporter l'adhésion, le récit est peut être un peu trop démonstratif.
Mazbaleh de Xavier Mauméjean est un texte très court apparemment basé sur l'Ancien Testament qui colle au thème de l'anthologie avec cynisme. Un bon moment.
Bilan en demi teinte avec une impression de douche écossaise. Quelques textes m'ont paru très longs tandis que d'autres sont passés à la vitesse de l'éclair (Désolation et Au-delà des murs notamment).