Ils se sont refermés sur le monde comme un poing, chacun restant aussi noir que l'intérieur d'un horizon événementiel, jusqu'à ces ultimes moments de brillance où ils se sont tous consumés ensemble. Ils ont hurlé en mourant. Toutes les radios entre la surface et l'orbite géostationnaire ont gémi avec eux, tous les télescopes infrarouge ont été saturés, aveuglés. Des cendres ont ensuite taché le ciel pendant des semaines, et des nuages mésosphériques, bien au-dessus des courants-jets, ont rougi à chaque crépuscule. Les objets, à ce qu'il semblait, étaient surtout constitués de fer. Personne n'a jamais su qu'en conclure.
Alors que l'humanité s'étiolait en s'abondonnant peu à peu dans des réalités virtuelles personnalisées, un évènement planétaire surprend tout le monde. Des artefacts entourent la Terre avant de disparaitre dans l'atmosphère. Quelque que chose serait venu prendre la mesure de l'humanité...
L'émission proviendrait d'une comète, des engins automatisés ultra rapides sont envoyés en reconnaissance tandis qu'une mission avec un équipage humain restreint est réunie, formée puis envoyée. En cours de route, le Thésée découvre que la première piste est un leurre et se détourne pour plonger dans le Nuage d'Oort à proximité d'un objet étrange, baptisé Rorschach.
Le dit objet s'avèrant capable d'absorber des astéroïdes et d'accroître sa masse, un dialogue est engagé ne débouchant sur rien de concret puis des explorations prudentes sont entreprises et ce malgré les champs magnétiques à l'intérieur perturbant jusqu'aux êtres humains.
Nous l'avons fait cinq fois. Sur cinq orbites consécutives, nous nous sommes jetés entre les mâchoires du monstre, nous l'avons laissé nous mâcher de son milliard de dents microscopiques jusqu'à ce que le Thésée nous ramène à bord et nous raccommode. Nous avons avancé discrètement par à-coups dans le ventre du Rorschach, nous concentrant au maximum sur le travail immédiat, essayant d'ignorer les fantômes qui nous chatouillaient le mésencéphale. Parfois, les parois se courbaient légèrement autour de nous. Parfois, nous pensions juste qu'elles le faisaient. Parfois, nous nous réfugions dans notre cloche de plongée, le temps que des vagues de charge et de magnétisme passent en langoureuses volutes, comme de gros comprimés d'ectoplasme descendant l'intestin d'une espèce de dieu poltergeist.
Peter Watts quitte les océans pour s'élancer dans l'espace avec cette histoire de premier contact à la sauce Hard SF. Une fois encore, l'équipage humain est composé de personnalité atypique ici des humains spécialisés au détriment d'une autre faculté mentale, ainsi le narrateur, embarqué en tant qu'observateur, est dénué d'empathie mais peut analyser de manière quasi parfaite le comportement de son entourage. Mais le plus extraordinaire est le chef de l'expédition vu qu'il s'agit d'un vampire. Une variation de l'espèce humaine, prédatrice de celle ci, disparue depuis l'aube de la préhistoire et ramené à la vie grâce au génie génétique humain...
Alternant entre le passé du narrateur et la découverte de l'engin extraterrestre, le récit est assez prenant, même s'il comporte quelques passages à vide comme les premières explorations du Rorschach, mais manque de clarté... Certains enjeux n'apparaissent pas clairement et j'ai eu du mal à ne pas décrocher vers la fin... Bilan mitigé donc, Peter Watts réussi son pari du dépaysement mais ne m'a pas emporté comme avec Starfish, le roman m'ayant paru quelque peu aride.