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Les lectures d'Efelle
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30 juin 2011

Three Kingdoms : A historical novel de Luo Guanzhong

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Traduction de Moss Roberts

Monument de la littérature chinoise, le roman des Trois Royaume m'obsédait depuis quelque temps d'où cette immersion dans cette traduction universitaire américaine, complète, riche en renvoi (et contenant une présentation sommaire des principaux personnages bien pratique) et cartes sans oublier deux avant propos et une solide postface du traducteur remettant le texte dans son contexte et retraçant son évolution au fil des rééditions (première impression en 1522).

Le texte en lui même porte sur la chute des Han et des quatre vingt années de guerre civile jusqu'à l'avènement de la dynastie Jin.

The empire, long divided, must unite ; long united, must divide. Thus it has ever been.

L'empereur Han est tombé sous la coupe d'une clique composée de dix eunuques, la corruption règne. Suite à une rencontre avec un moine taoiste, Zhang Jue obtient des pouvoirs de guérison ainsi que sur les éléments. Fort de ces partisans de plus en plus nombreux, il se lance dans une rébellion ouverte (dite des Turbans jaunes) et menace le pouvoir en place, les armées gouvernementales fuyant devant sa horde.

De loyaux sujets des Han se dressent un peu partout et lèvent des troupes pour contrer les Turbans jaunes. Issue d'une branche désargentée de la lignée impériale (arrière arrière petit fils du frère de l'arrière arrière grand père de l'empereur en place), Liu Bei (dit Xuande), en se lançant dans l'aventure loyaliste, se lie avec deux individus d'exception le noble Guan Yu  et l'impressionnant Zhang Fei. Tout trois se prêteront serment les uns aux autres dans le jardin des pêchers. Les forces loyalistes se coaliseront et l'emporteront finalement sur les Turbans jaunes, l'occasion de distinguer un autre individu d'exception Cao Cao, un jeune officier de la Cour...

Si la révolte est stoppée et les partisans des Turbans jaunes dispersés aux quatre vents, la corruption des dix eunuques persiste... A la mort de l'empereur, le régent tente de se débarrasser d'eux avec l'appui à l'intérieur de quelques officiers, notamment Cao Cao, et l'appui extèrieur du seigneur provincial Dong Zhuo. La tentative tourne court, le régent est assassiné par la garde des eunuques eux mêmes massacrés par Cao Cao... L'héritier de l'empire est pris en otage et emmené avec son frère à l'extèrieur de la capitale, tout droit dans les pattes de Dong Zhuo qui prendra rapidement le pouvoir destituant le jeune empereur de 14 ans pour le remplacer par son cadet. Secondé par le puissant Lu Bu, qu'il a habilement retourné, Dong Zhuo usurpera le pouvoir et n'hésitera pas à bruler la capitale quand la coalition contre lui se fera plus pressante...

Commence alors une période chaotique qui s'agravera après la disparition de Dong Zhuo... Les seigneurs de la guerre en place semblant plus intéressés par la constitution de fiefs personnels que le rétablissement de la dynastie Han. Les choses dégèneront au point où la garde de l'empereur finira par échoir à un ancien officier des Turbans jaunes.

Au coeur du chaos, Cao Cao, se révèlant un individu d'exception,finira par réunifier les provinces du nord au sein du royaume de Wei et récupérer la garde de l'empereur.

"But you had murdered him knowing he was innoncent - a great wrong", Chen Gong asserted. "Better to wrong the world than have it wrong me !" Cao Cao retorted.

Alors que l'ursupation du pouvoir par Cao Cao se révèlera à tous du fait de son comportement envers l'empereur, Liu Bei et ses deux compagnons sont toujours sans fief véritable suite au refus du premier de se rendre coupable de toute atteinte à l'honneur.

"The man who is my antithesis," Xuande responded, "who struggles against me as fire against water, is Cao Cao. Where his means are hasty, mine are temperate ; where his are violent, mire are humane ; where his are cunning, mine are truehearted. By maintaining my opposition to Cao Cao my cause may succeed. I can't throw away the world's trust and allegiance for personnal gain."

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Les choses tourneront enfin en sa faveur quand il sera amené à rencontrer le sage Zhuge Liang (dit Kongming) qui cultivait son jardin loin du tumulte de la guerre civile. Convaincu de la valeur morale de Liu Bei, Kongming lui permettra de résister à l'avant garde de l'armée d'un million d'hommes, levée par Cao Cao pour anéantir les puissances du sud et surtout le prospère royaume de Wu.

Suite à la bataille de la Falaise Rouge où de nombreux héros prendront part et où autant de haut fait seront réalisés que coups tordus, Cao Cao défait retourne au nord et Liu Bei obtient un fief qui lui permettra d'asseoir son pouvoir puis de fonder le royaume de Shu dans l'ouest.

Soon, once the marksmen from the land camp had joined the battle, ten thousand men were concentrating their shots toward the river. The shafts came down like rain.

Kongming ordered the boats to reverse direction and press closer to shore to receive the arrows while the crews continued drumming and shouting. When the sun climbed, dispersing the fog, Kongming ordered the boats to hurry homeward. The straw bundles bristled with arrow shafts, for which Kongming had each crew shout in unison :"Thanks to the prime minister for the arrows !" By the time this was reported to Cao Cao, the light craft, borne on swift currents, were twenty li downriver, beyond overtaking. Cao Cao was left with the agony of having played the fool.

Commencera alors une longue période d'équilibre où aucun des trois royaumes ne l'emportera malgré les nombreux conflit et intrigues les opposants les uns aux autres. Avec l'arrivée des nouvelles générations de dirigeants, l'équilibre des forces changera au profit du clan Sima qui s'est emparé du pouvoir en Wei.

 

Assez factuel dans la première partie du récit consacré à la révolte des Turbans jaunes et la chute des Han, elle devient plus romancée avec la fin de Dong Zhuo et ce jusqu'à la disparition de Zhuge Liang.

Les éléments fantastiques sont assez discrets mais apparaissent régulièrement notamment sous la forme de fantôme ou de moine taoiste venue enseigner une leçon d'humilité à l'arrogant seigneur en passant par les présages et rêves prémonitoires à interpréter.

As Sun Ce left the temple grounds, Yu Ji appeared again, strolling toward him. "This temple harbors demons !" Sun Ce cried, and seating himself facing the building, he ordered five hundred warriors to tear it down. As they started pulling apart the tilework, Yu Ji appeared on the rooftop, hurling tiles to the ground. Sun Ce ordered the priests evicted, and had his men set fire to the sanctuary ; but Yi Ji was visible at the heat of the flames. Returning to his residence, Sun Ce found Yu Ji standing at his gates.

La masse de personnages est très imposante, s'étalant sur trois ou quatre générations, et loin de tout manichéisme. Même l'intègre Liu Bei déclinant sous le poids des ans et du chagrin s'éloignera de son idéal. Les relations entre les divers protagonistes sont complexes tant du fait d'avoir combattu côte à côte, que d'avoir été accueilli après un revers ou de savoir que l'allié d'aujourd'hui sera forcément l'ennemi de demain (la bataille de la Falaise Rouge est ainsi relevée par la rivalité entre Zhou Yu et Kongming, et la volonté forcenée du premier de se débarraser de cet allié encombrant).

Difficile de faire un relevé  exhaustif des personnages marquants. Si le roman tourne énormement autour de Kongming, Liu Bei et Cao Cao, Guan Yu dispose aussi d'une place de choix. Zhang Fei apparait moins souvent mais évolue énormément en bien et en mal. Zao Yun de son côté incarne le chevalier parfait, sorte de Galaad chinois avant l'heure. L'épopée misérable de Lu Bu est mémorable, de même que la frustration de Zhou Yu. Parmi les subalternes de Cao Cao : Cao Ren, Dian Wei et Xu Chu sont assez marquants pour leur personnalité ou leur constance. Enfin bien que moins longue que celle de leurs aînés l'épopée guerriere de Jiang Wei et Deng Ai est digne d'être mentionnée. Sans oublier Sima Yi qui rencontre une fin assez gore après de nombreux succès (dont celui d'avoir survécu à Kongming).

Les péripéties et rebondissements de ce roman fleuve sont nombreux, la totalité des personnages passe par des hauts et des bas et évolue énormément. Les femmes bien que très peu présentes dans le récit ont une influence non négligeables ou font preuve d'action d'éclat assez saisissantes (cela dit on est très  loin d'un roman moderne ou des romans d'amour courtois). L'ambiance chinoise est assez prenante et surtout dépaysante, les protagonistes se référant régulièrement à des évènements passés pour appuyer leurs arguments, les généraux et conseillers mal vus finissant souvent décapités pour avoir exprimer trop ouvertement une position peu populaire auprès de leur seigneur. Bref, Les Trois Royaumes est une lecture que je ne regrette pas tant le texte est riche et plein de surprises.

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Commentaires
E
C'est le mot, intense, en effet.
G
Quelle chronique ! On sent que la lecture fut intense ;)
E
Attention c'est un sacré pavé, il m'a occupé tout le mois de juin...
V
C'est un super beau voyage qui me tente bien !
G
Ca me dit bien. Je garde ça à l'oeil.
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