Ce recueil dormait dans ma pile à lire depuis pas mal de temps, toujours remis à plus tard par l'actualité alors que j'avais été séduit par les nouvelles lues dans Bifrost et le recueil SF99. La séance de dédicace de vendredi dernier m'a motivé pour le sortir de l'étagère et je ne le regrette pas.
A noter que ces textes ont été remaniés lors de cette réédition en 2003.
Dedans, dehors présente un futur dystopique où la technologie est mise à profit par des groupes religieux extrèmiste prospère pour mettre leur petit monde en coupe réglée. Une gamine adoptée lors d'un pseudo programme d'aide aux déshérités va tenter de briser le carcan qui peu à peu se referme sur elle. Un texte à la fois sombre et porteur d'espoir. Prix Rosny aîné 2000.
A l'époque, on croyait avoir trouvé la solution idéale, le moyen de réconcilier définitivement les tenants du "travail d'utilité publique" et les défenseurs de la sécurité. On venait de s'apercevoir qu'il était bien plus intéressant - performant, économique - de développer des connexions homme-machine que de travailler sur des machines autonomes. Plus efficaces de prendre un prisonnier, de le brancher sur le système de contrôle vidéo de la prison, de le nourrir par des tubes, que d'entretenir un couteux système de surveillance automatisée. Plus efficace et beaucoup plus sûr, puisqu'on peut fragmenter les postes de travail de façon que personne ne puisse contrôler l'intégralité du système et, par exemple, n'essaie de faire évader quelqu'un.
Quant à s'évader soi-même...
Que pouvez-vous bien faire pour vous libérer quand toutes vos connexions nerveuses ont été neutralisées et remplacées par des connexions-machines ?
L'Anniversaire de Caroline est dans la même veine que Dedans, dehors, on suis la vie d'une voleuse et hacker condamner à une longue peine en tant que partie du système de sécurité de sa prison. Une peine cruelle et irréversible dont elle prendra son partie de manière surprenante. Prix Solaris 1988.
In memoriam : Discoveryland. Les ruines de Mickey Village, une jeune fille hantée par l'imagerie de Peter Pan, des dissidents cherchant à rallier Mars. Un cocktail étrange qui fonctionne, un bon moment.
Fonte des glaces, narre l'échec d'une utopique tentative d'apporter de l'eau à une Afrique desséchée. Le poids de cette expérience marquera à jamais un adolescent embringué dans cette aventure par le militantisme de ses parents. Un texte élégiaque assez marquant.
- Il n'y a pas de chemin, dit Thibault.
La neige avait recommencé à tomber. Bientôt, elle effacerait aussi bien les traces de pas du tigre que la tombe de son père.
- Pardon ?
- La neige a effacé nos traces. Il n'y a pas de route. Il n'y en a pour personne. Pas plus pour les hommes que pour les machines intelligentes.
Cap Tchernobyl, un père agonisant décide de traverser la Sibérie avec son fils pour voir les derniers tigres blancs croisent la route d'un robot envisageant de déserter le service de l'humanité. Cette version remaniée que j'avais déjà lu dans SF99 s'avère excellente avec une fin qui me parait beaucoup plus positive. Un excellent texte.
La ballade du singe seul, un très bon texte post-apocalyptique bien construit avec un clin d'oeil à Voltaire.
Si Thébaldus rêve... (nouvelle inédite) Une jeune fille tente de se faire admettre dans une cité utopique, centre d'un programme de reality-show focalisé sur la création artistique. Des autres candidats au mystérieux concepteur du site, elle ira de surprise en surprise avant de trouver sa propre voie. Une vision du futur, dépeignant un monde en décomposition assez glaçant.
Elisabeth for ever aborde le clonage sous un angle assez original et dérangeant mais pas totalement convainquant.
De Dimbour à Lapêtre aborde le thème du clonage encore sous un nouvel angle, plus positif cette fois ci. Un texte qui m'a évoqué un peu des nouvelles de Greg Egan.
Carnaval à Lapêtre se focalise sur le thème des modifications de l'humain (déjà présent dans la nouvelle précédente) mais cette fois ci dans l'optique de la perpétuation de traditions brutales et sexistes. Le tout ayant pour toile de fond un carnaval très sensuel dans une station orbitale et un amant éconduit manipulateur. Très efficace et plaisant.
Magma-plasma met en scène une équipe de chasseurs de primes sur le retour, la meneuse du groupe traversant une phase de dépression. Un texte énergique mais qui part un peu dans tous les sens. Plaisant sans plus.
Paradigme Party reprend les protagonistes de Magma-plasma pour une enquête sur les pratiques d'un trio d'IA en matière de ressources humaines. Un récit astucieux et bien mené, offrant une belle conclusion à Magma-Plasma, un très bon moment.
Nirvana, mode d'emploi narre de manière touchante l'histoire d'une obsession pour un film de Space Opera sur fond de maladie s'attaquant à la mémoire. Un récit en deux temps qui clôture agréablement ce recueil.
Au final un recueil science fiction de très bonne facture que j'aurai du lire plus tôt.