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Les lectures d'Efelle
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14 avril 2011

Le serpent du rêve de Vonda N. McIntyre

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Une terre ravagée par un conflit nucléaire, le désert, parcouru de tempêtes mortelles en hiver est le seul paysage à l'exception des zones montagneuses et de leurs environs. Les populations humaines vivent en bande nomades d'éleveurs misérables en bordure du désert et dans les contreforts et en communautés agricoles plus prospères dans les montagnes. Au sein d'une combe se trouve une petite communauté de guerrisseurs. Héritier du savoir d'antan, ils se forment à la médecine et au clonage de serpents modifiés génétiquement afin que leurs glandes à poison puissent synthétiser divers remèdes après adjonction de quelques réactifs.

Elle regagna la tente, fit sortir Sable de son compartiment et capta son venin. Il n'opposa pas de résistance à cette opération. Le tenant derrière la tête, Serpent lui ouvrit la gueule avec douceur et y versa une fiole de catalyseur. Il était beaucoup plus facile à droguer que Brume. Il allait tout simplement se lover et dormir dans son logement presque normalement. Pendant son sommeil, les glandes à venin allaient élaborer un mélange chimique complexe composé de plusieurs protéines, lesquelles servaient d'anticorps contre un certains nombres de maladies endémiques, stimulant l'immunité naturelles des êtres humains. L'usage des crotales par les guérisseurs était beaucoup plus ancien que celui des cobras ; Sable avait sur Brume l'avantage d'être plus adapté aux cuisines chimiques de la catalyse par des centaines d'expériences génétiques conduites sur des dizaines de générations.

Serpent est une guerrisseuse brillante, en train d'effectuer sa première tournée. Assurée, elle est partie à la rencontre des communautés des nomades. Plutôt bien acccueillie par ces communautés pauvres, elle ne prendra pas la peine de prendre en compte leurs conditions de vie extrêmes et les peurs qui y sont associées. Cela causera la perte de Sève, son serpent de rêve, un animal en voie de disparition, dispensateur de venin analgésique, extrêmement précieux car issu de par delà les étoiles. Une espace rare qui ne se reproduit pas sur Terre.

- J'espérais que tu ne partirais pas avant que... J'espérais que tu resterai un peu. Il y a d'autres clans, d'autres gens auxquels tu pourrais venir en aide.

- En d'autres circonstances, j'aurais pu rester. Il y a du travail pour une guérisseuse. Mais...

- Ils avaient peur...

- Je leur avais dis que Sève était inoffensif mais ils ont vu ses crochets ; ils ne savaient pas qu'ils ne pouvait faire autre chose que donner des rêves ou adoucir la mort.

- Ne peux-tu leur pardonner ?

- Ils se sentent coupables, et je ne pourrais le supporter. Je suis responsable de ce qu'ils ont fait, Arevin. Je ne les ai compris que trop tard.

Tout en soignant les malades et blessés sur son parcours, Serpent tentera d'aller plaider sa cause auprès de la communauté recluse du Centre, une cité bunker où vie en autarcie des individus toujours en possession de la technologie d'autrefois et surtout en contact avec les peuples extra-terrestre.

Tant de changements en si peu de temps. Serpent n'avait encore jamais rencontré l'adversité. L'apprentissage de son métier n'avait pas été facile, mais très supportable. Les jours s'étaient écoulés dans le calme, sans craintes, sans incertitudes, sans rencontres de détraqués. Jamais elle n'avait connu l'échec. Tout avait été limpide comme du cristal, avec une limite bien tranchée entre le bien et le mal. Serpent ébaucha un sourire : si on avait essayé de lui expliquer, à elle ou aux autres étudiants, que la réalité était différente, fragmentaire, contradictoire, déroutante, elle ne l'aurait pas cru. Elle comprenait maintenant le pourquoi du changement qu'elle avait constaté chez les guérisseurs plus âgés qu'elle-même lorsqu'ils étaient revenus au terme de leurs années probatoires. Qui plus est, elle comprenait pourquoi certains d'entre eux n'étaient jamais revenus. Tous n'étaient pas morts, ni même, peut-être, la plupart d'entre eux. Et il n'était pas nécessaire d'en accuser quelque accident ou la rencontre d'un fou. Non, certains s'étaient rendu compte qu'ils n'étaient pas faits pour la vie de guérisseur, et l'avaient abandonnée pour un autre emploi.

Arevin, beau-frère du tueur accidentel de Sève, est attiré par Serpent et se sens aussi responsable de la perte de l'animal. Il partira finalement sur les traces de la jeune femme afin de la défendre auprès de ses confrères.

Le serpent du rêve est un roman post-apocalyptique assez atypique, si l'on retrouve quelques éléments classiques : la communauté terré dans un bunker, les pauvres hères survivant difficilement dans le désert, les étendues radioactives, les ruines oubliées ; elle introduit aussi des éléments assez originaux. Notamment une société apaisée, des groupes familiaux étendus où l'égalité des sexes est bien réelle, la contraception à la charge des deux partenaires...

Le récit porte essentiellement sur les pérégrinations de Serpent et pour une moindre part à celle d'Arevin sur ses traces. L'univers est brossé efficacement par petites touches, Serpent bien qu'arrogante est un personnage très attachant. Vonda N. McIntyre signe ici un roman tranchant résolument avec les codes du genre, notamment sur la violence, un bon moment très original (Prix Hugo 1979).

Une lecture effectuée dans le cadre du Challenge Fins du Monde.

challenge_fin_du_monde_apocalypse_post_apo_7

 

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Commentaires
E
J'irai y voir ça sur quarante-deux à l'occasion.
T
Alors c'est dans la première page de l'intro par Gérard Klein qui parle de livre qu'il a énormément aimé avec notamment de grande qualité et dont toutes les éditions n'ont finalement pas eu le succès escompté.
E
Non au contraire ça tranche agréablement sur les codes du post-apo.
T
Ca a l'air chouette. Ca n'a pas vieilli ?
T
Je ne l'ai pas sur moi en ce moment, mais j'essayerai de retrouver la citation dans son contexte ce week end.
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