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Les lectures d'Efelle
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11 juin 2010

Le vaisseau des Voyageurs de Robert Charles Wilson

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Le ciel nocturne s’était enfin éclairci. Pour la première fois depuis le début de ce mois de mars pluvieux, Matt pouvait voir de ses propres yeux le phénomène qui terrifiait le monde. Il avait vu des photos sur l’écran de son Sony quarante-huit centimètres, bien sûr. Mais c’était la télévision. Une image de synthèse. Là, il s’agissait de son jardin. En direct. Du ciel au-dessus de Buchanan, Oregon : sans lune, sombre, et éclaboussé d’étoiles.

 

Un engin immense orbite autour de la Terre depuis un an. Dans chaque mégalopole, un artefact a atterri et l’humanité vit dans l’expectative… La donne change quand une épidémie de grippe, non mortelle, se répand sur la planète. Bien vite, il apparaît qu’il s’agit d’une intervention des visiteurs, les humains sont désormais truffés de nano machines.

Je devrais être terrifié, songea Matt. Et je ne le suis pas. Et le fait de ne pas l’être devrait en lui-même me terrifier. Et pourtant, ce n’était pas le cas.

Sédation. Quel autre nom donner à cette sérénité clinique ? On devrait hurler. On devrait s’indigner. On devrait se sentir violés. Parce qu’il s’agissait de…

De quoi ?

De la fin du monde ?

Oui, songea Matt. La fin du monde. C’était probablement ce qui se passait. Rien de moins.

Par le biais, ils entrent en communication avec la totalité de l’humanité et propose à chacun un choix simple : l’immortalité à travers quelques transformations ou rester tel qu’il est… Une personne sur dix mille choisis de ne pas changer. Parmi elles Matt Wheeler, attaché à sa ville et à ses souvenirs ; Tom Kindle, misanthrope devant l’éternel que la possibilité d’une communion d’esprit révulse ; John Tyler, ancien officier supérieur, lobbyiste, putschiste raté et dangereux psychotique ; Joey Commoner, petite frappe se prenant pour un raté ; Miriam Flett croyante sincère qui préfère le paradis promis par sa religion et encore quelques autres. La transformation n’est pas immédiate et tandis que l’humanité change peu à peu, s’agissant de manière spectaculaire, les réfractaires se trouvent de plus en plus isolés dans cette masse bienveillante.

Il brancha son téléphone neuf et appela Ira.

- Ira ? J’ai trouvé une maison.

- Je sais, répondit gaiement Ira. A Delmar. C’est drôle, j’étais l’agent affecté à cette propriété. Très belle vue. J’espère sincèrement que vous vous y plairez.

- Excusez-moi, Ira, mais comment savez-vous que j’ai choisi celle-là ?

Un petit silence au bout du fil.

- Les voisins vous ont vu y apporter quelques affaires. Nous avons supposé que vous aviez décidé d’y emménager.

- Parce que vous avez parlé aux voisins ?

- Oui, enfin… en quelque sorte.

Encore une histoire téléphone vaudou, songea Kindle.

- Dites-moi… ces voisins… ils ont prévenu la compagnie d’électricité ?

- C’est-à-dire. Tom… tout le monde communique plus ou moins avec tout le monde.

- Et ça ne vous fout pas plus ou moins la trouille ?

Le rythme du roman est relativement paisible, rappelant par ces côtés Blindlake ainsi que par le nombre de personnages travaillés en profondeur, mais il est aussi rythmé par les différentes étapes qui interviennent dans la transformation de l’humanité. Les réfractaires devant en subir les conséquences malgré la bienveillance maladroite des extra-terrestres.

Au fil de la narration, Wilson ne néglige pas non plus les post humains, narrant rapidement l’histoire de quelques uns ainsi que leur évolution spectaculaire. Les problématiques abordées sont bien vues allant du déclin des sociétés au rapport que chacun a avec sa propre mortalité, tout en examinant aussi les implications morales d’une telle offres ou  la douleur des réfractaires suite au départ de leurs proches.

Elle pouvait mourir même s’il trouvait tout le sang nécessaire pour le lui transfuser, même s’il trouvait un hôpital encore debout et fonctionnel – ce qui lui apparaissait de plus en plus improbable.

Il devait se familiariser avec cette idée.

Après tout, il avait choisi de vivre dans ce monde. Un monde où la mort n’était pas seulement un risque mais une certitude. Le monde mortel.

Le vaisseau des Voyageurs se révèlent un roman bien étoffé et varié. Wilson alterne entre ses protagonites et les personnages d’illustration soignés narrant de manière plaisante  l'évolution de la situation jusqu’à un dénouement assez poignant. Un roman aussi ample que Spin mais plus proche de Blindlake   pour son ambiance générale. Seul point noir du roman, un personnage a son destin inscrit sur la gueule mais bon j'ai été surpris par celui de quelques autres.  Une bonne surprise et un roman qui m’a beaucoup remué… Sur le coup, je suis heureux d’avoir une dédicace sur celui-ci.

 

L'avis d'Arutha que je ne partage pas.

Celui de Munin

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Commentaires
M
Il est vrai que nous sommes plusieurs à "buzzer" sur Wilson depuis quelques mois. On pourrait croire que nous sommes payés si nos billets n'étaient pas nuancés, et parfois divergents. :)
E
Pour l'enthousiasme, il faut bien reconnaître que je suis très sensible aux interrogations sur la mortalité, le sens de la vie et le mythe de Sisyphe.
E
Il va falloir que je m'y colle tout de même à force de lire toutes ses chroniques des oeuvres de Wilson sur vos blogs. J'ai l'impression de passer à côté de quelque chose...
M
Personnellement, j'avais bien aimé le Vaisseau des Voyageurs, mais je l'avais trouvé en-deçà de Spin.<br /> http://hu-mu.blogspot.com/2008/12/le-vaisseau-des-voyageurs-robert.html<br /> <br /> Et, contrairement à SBM, je n'avais pas été déçu par la fin de Spin, mais Cédric, avait lui été un peu désappointé.<br /> http://hu-mu.blogspot.com/2007/05/spin-de-robert-x-wilson-un-hugo-mrit.html<br /> Par contre, le début d'Axis est soporifique, et j'ai décidé de reporter sa lecture à quand le 3e tome de cette trilogie serait disponible.
A
Je n'ai pas descendu à ce point ce roman. Si ?<br /> Sérieusement, je le considère comme l'un des "bons" Wilson.<br /> Reste qu'il est vrai que je ne partage pas tout à fait ton enthousiasme.
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