Achat longtemps repoussé pour des raisons qui m’échappe, j’ai profité de la sortie de Serpentine en poche pour en faire l’acquisition et lire ce recueil de nouvelles. Textes fantastiques, hantés par l’omniprésence de la mort mais évoquant un panel très vaste de sensation.
SERPENTINE
Tatouages et Piercings
Lettres souples et tout en courbes autour desquelles se tortillent vipères et cobras, sous l’œil d’une salamandre tapie dans un coin. Deux serpents s’enroulent nonchalamment autour du S et du T majuscules.
Serpentine est une nouvelle très agréable, mettant en scène, dans une ambiance onirique, un tatoueur, membre d’une fraternité unique en son genre, et un client aussi atypique. Le style est fluide et il y a comme une musique on se laisse porter dans cette ambiance fantastique.
Elégie est un texte assez poignant, plongeant autant dans la folie que le fantastique, en mettant en scène la douleur d’une mère suite à la disparition de ses enfants et son report sur un arbre.
Nous reprendre à la route évoque une aire d’autoroutes et sa faune. Une bonne idée, bien menée et contée.
Rêves de cendre où la fascination d’une jeune fille pour les flammes, une histoire à la frontière du rêve et du cauchemar.
Mathilda, évocation très réussie des ambiances d’un concert assez prenant avec une fin surprenante.
Toi, tu entends claquer les voiles gonflées de ton navire. Ta peau retrouve la mémoire délicieuse des embruns. On a tous connu un moment de grandeur, une page difficile à tourner : tu ne t’es jamais remis d’avoir dû toucher terre au bout de ton périple. Avoue que tu n’as pas aimé voir la traversée prendre fin. Tu aurais bien vogué éternellement, sans les devoirs qui te liaient à une épouse et un royaume. On s’enivre vite de ne plus connaître d’attaches.
Mémoire des herbes aromatiques, recyclage sauvage, ironique et très réussi de la mythologie grecque. Deux personnages très connus, ancien antagoniste se retrouvent bien des siècles plus tard dans une taverne.
Petit théâtre de rame, pérégrination sur la ligne 5 du métro à travers quatre personnages qui se passent le relais. Un conte sombre et une belle réussite, avec encore le plein de bonnes idées bien exploitées.
Le faiseur de pluie, deux enfants sont confrontés à l’esprit de la maison familiale. Là encore le plein de sensations et une superbe ambiance moins sombre qu’il n’y parait au premier abord.
Le passeur, la seule histoire qui ne relève pas du fantastique et d’une qualité légèrement inférieure au reste du recueil. Un peintre, sa muse et la mort…
Ghost Town Blues, ambiance Far West, ville fantôme et joueurs de poker haut en couleurs et pervers. Un genre qui tranche radicalement avec le reste du recueil mais n’en est pas moins très plaisant.
Des nouvelles bien menées avec un style très agréable, Mélanie Fazi démontre ici un réel talent et c’est avec impatience que j’attendrai la parution en poche de Notre Dame aux Ecailles.
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