L.G.M. de Roland C. Wagner
Le 18 juin 1967, à 5h 34 heure de Paris, Arès 1 toucha le sol martien dans la région de Chrysia Planitia, un peu plus brutalement que prévu en raison d’une mauvaise extrapolation de la pression atmosphérique locale. Et sans doute le choc dut-il mettre hors d’usage quelque pièce vitale car la sonde tomba presque aussitôt en panne, non sans avoir transmis auparavant un unique cliché à la Terre – un gros plan d’un Petit Homme vert tirant la langue à l’objectif.
L.G.M.
Little Green Man.
Le petit home vert.
L’ambassadeur martien sur Terre.
La course à l’espace entre les USA et l’URSS a brusquement changé quand une sonde a mis en évidence la présence de vie intelligente sur Mars. L’URSS arrive première sur place et se libéralise tandis que les USA se crispent de plus en plus et sont menacées de sécession de toute part.
C’est dans cette ambiance que l’ambassadeur martien est ramené par les russes sur le sol terrien. Volontiers irrévérencieux, il ne tarde pas à fausser compagnie aux officiels pour se mêler à une sorte de communauté hippie française qui le vénère.
Goûtant sur place à toute la gamme des plaisirs terrestres, il est sauvé in extremis, par l’agent français chargé de le retrouver, d’une tentative d’enlèvement musclée de la CIA. Le président américain Petit Buisson voulant mettre la main sur l’extra-terrestre qui boude son pays.
Commence alors une épopée rocambolesque, le LGM étant aussi la proie d’une faction obscure du KGB et d’un insaisissable agent multiple, qui se terminera sur Mars sur fond de cataclysme cosmique et de problématique quantique.
« Tu vois, camarade, m’avait-il dit à bord de l’avion peu de temps avant d’atterir à L.A., on peut trouver beaucoup de choses à reprocher aux Soviets, et je suis sûr que ta planète compte quelques dictatures bien plus dures que la démocratie musclée des républicains, mais s’il y a un pays où je ne veux pas mettre les pieds, c’est bien les Etats-Unis. Parce que c’est le genre d’endroit où je risquerais de me retrouver attaché tout vivant le ventre ouvert sur une table d’opération, avec des types en blouse blanche qui me tripoteraient les entrailles !
- Sûr, avais-je opiné, et, en prime, tu peux parier qu’ils trouveraient moyen de faire du fric avec ce qu’ils y découvriraient. »
Tout en rendant un hommage appuyé au Martiens, go home ! de Fredric Brown, R.C. Wagner dépeint une uchronie amusante par de cours chapitre de contexte, alternant avec ceux narrant cette course poursuite échevelée. Chaque chapitre est introduit par un extrait de chanson savamment retouchée et les clins d’œil musicaux sont assez nombreux dans le texte.
Tout comme le roman de Brown, celui-ci est plein d’humour mais ne se prive pas néanmoins de jouer avec le concept du Chat de Schrödinger. Un roman assez léger, drôle, pas foncièrement anti-américain ou pro soviétique, malgré les apparences, et bien ficelé. Un bon moment.