La lamentation du prépuce de Shalom Auslander
Je crois en un Dieu personnel : tout ce que je fais, Il le prend personnellement. Il n’y a pas de hasard, pour moi. Jamais.
Shalom Auslander a subit une éducation religieuse allant d’orthodoxe à ultra orthodoxe, le laissant complètement névrosé tiraillé entre son désir de vivre une vie laïque et sa croyance viscérale en un dieu vengeur et mesquin.
Le récit de son enfance est une alternance de transgression et de repentance. Après infraction aux commandements de la religion judaïque, il s’imagine aussitôt le châtiment divin qu’il encoure et qui ne manquera de tomber, ce qui le conduit à des repentances serviles et outrancières. Ainsi convaincu que sa concupiscence va lui valoir des ennuis, il en vient à traquer les magazines porno (pour les brûler) qu’il a planqué dans la demeure de ses parents, craignant d’en avoir oublié il mène une recherche suffisamment exhaustive pour lui permettre de mettre la main sur le stock de son frère aîné, de son père et du gode de sa mère…
Ma relation avec Dieu avait évolué. J’étais désormais las de
Son chantage permanent aux mauvaises notes spirituelles et je me disais qu’Il
devait l’être aussi, fatigué de cette fastidieuse et perfide équation du péché
et de
Le récit se déroule en deux temps, au présent où Shalom trentenaire angoisse suite à la naissance à venir de son enfant, tout ce passera-t-il bien ? Devra-t-il faire circoncire son fils ?
L’autre est une réminiscence de son passé allant de l’enfance au temps présent, évoquant ses rapports conflictuels avec la religion et son inévitable rupture avec sa famille.
Un texte doux amer, qui passe du rire à l’angoisse tout en démontrant la pression sociale qui s’exerce dans l’exercice d’une religion, les voisins vous regardant de travers si vous ne suivez pas les préceptes du Shabbat.
Maltraitance théologique : c’est une expression qui est entrée récemment dans le vocabulaire courant. Elle désigne des adultes qui racontent à leurs victimes mineures, proches ou non, que le monde est gouverné par un Cinglé dont le seul but est de les fliquer, et d’attendre qu’elles enfreignent l’une de Ses lois.
« Dieu est ici,
Dieu est là,
Dieu est partout,
Un point c’est tout ! »
Alors fais gaffe, petit.
Un livre violement ironique qui dénonce efficacement les excès de l’orthodoxie religieuse avec humour. Immersion profonde dans le judaïsme, le texte de Shalom Auslander peut s’appliquer à mon sens à la plupart des religions.