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Les lectures d'Efelle
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15 octobre 2009

Un jour je serai invincible d’Austin Grossman

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Imaginez-vous enfourchant ce graphe, glissant sur une pente de plus en plus douce qui vous conduit vers l’élite intellectuelle : vous arrivez au dernier million, à la dernière dizaine de milliers – des types beaucoup plus intelligents que ceux que vous croisez dans la vie de tous les jours -, à la dernière centaine… et voilà que vous cessez de glisser, que la courbe devient horizontale et se réduit à une succession de points espacés. Allez jusqu’aux derniers de ces grains de sable, la crème de la crème de l’intelligence, le génie multiplié par mille. Qu’on trouve pas mal d’excentriques parmi eux, quoi de plus normal ? Mais on peut quand même se demander pourquoi la majorité d’entre nous finissent derrière les barreaux.

 Un monde de comics, des super-héros et des vilains. Les héros sont comme toujours puissants, bornés, primaires, conservateurs et réactionnaires. Parmi les vilains se trouvent une poignée de pointures, des génies du mal et notamment : Docteur Impossible !

J’ignore exactement ce qui m’attend, mais… je m’imagine vaguement des combats contre des super-vilains maléfiques ; des discussions franches dans notre jet privé ; des clins d’œil et des séances d’entraînement sans concessions. Des triomphes. Des camarades prêts à se sacrifier pour moi. Plus question de jouer les boucliers humains pour des machos à la gomme ; plus question de passer des nuits à écouter les échanges radio des flics, en me retenant de ne pas cogner les murs. Adieu, vie de merde.

Une jeune femme traverse la rue, un camion passe, paf la fille. Sur son lit d’hôpital, une officine occulte lui offre une vie de cyborg en lieu et place d’une de légume. Après quelques années de barbouzes pour la NSA, la jeune femme se met au service de la justice, sous le nom de Fatale !

Suite à la disparition de Corefire, la version locale de Superman, l’association des Champions se reforment et intègrent de nouveaux membres dont Fatale. Dans le même temps, l’ennemie juré de Corefire, Docteur Impossible réussit, de manière jubilatoire, à s’évader de sa prison.

Commence alors un récit à deux voix, celle du méchant ultime, à l’intelligence démoniaque et à l’égo pathétique qui tente une nouvelle fois d’étendre sa domination sur la planète et à celle d’une apprentie super héros, intégrant un groupe hétéroclite, peu soudé du fait de dissensions passées. Bien que correspondants parfaitement aux normes des comics, ces derniers paraissent rapidement assez antipathiques tandis que les pérégrinations du Docteur Impossible sont assez jubilatoires tant du fait de ses succès que de ses échecs.

 Il est risqué de tenter une visite surprise chez un méta humain aux abois. Impossible de savoir quelle bizarrerie il vous aura concoctée, entre le cafard transgénique et le trou noir de poche. J’envisage une seconde d’appeler les autres.

Mais le jeu en vaut la chandelle : capturer le Docteur Impossible à moi toute seule ! Rien à cirer de faire la une des journaux – le regard admiratif de Damoiselle suffira à mon bonheur.

Si les normes des comics sont respectées, il ne s’agit pas d’un nouveau Watchmen, loin de là, elles sont toutefois exploitées avec une ironie réjouissante. L’univers d’Austin Grossman se situant quelque part entre X Men et le Top Ten déjanté de Moore.

L’intrigue n’a rien de vraiment exceptionnelle, certaines intrigues secondaires étant prévisibles, mais reste néanmoins entraînante. Le ton est juste, le rythme impeccable alternant réminiscences, progression de l’intrigue et scènes d’actions jubilatoires. L’univers est bien dépeint, on se sent rapidement à l’aise parmi cette bande hétéroclite de super héros.

 

Pour devenir un super-vilain, on a besoin d’un certain nombre de choses. Pas la peine de se soucier d’une identité secrète, c’est un truc de héros. Cependant, ce serait bien pratique de tomber le masque et de disparaître au sein de la foule, des rues, du monde normal. Trop pratique, peut-être – pourquoi devenir l’esprit criminel le plus audacieux de la Terre (ou à tout le moins le numéro 4 de la liste) pour s’évaporer lorsque surgit la première difficulté ? Si on pouvait s’éclipser comme ça, ce serait bien moins impressionnant. Chaque fois que je me fais arrêter, on récite au début du procès la litanie de mes crimes, de plus en plus longue, de plus en plus flamboyante. J’ai été jugé pour des forfaits commis sur la Lune, dans d’autres temps et d’autres dimensions, et que je sois damné si je refuse un jour de les signer !

 

 

Un jour je serai invincible n’est pas le roman de l’année et n’a rien de transcendant mais est tout de même une excellente distraction et un regard ironique sur les comics. Le point de vue du méchant de service est très agréable, jubilatoire et délirant. Tandis que celui de Fatale, plus classique finit par emporter l’adhésion après un démarrage un peu poussif. Au final un roman assez amusant et très sympathique.

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