En panne sèche d’Andreas Eschbach
Même la dernière goutte d’essence permet encore d’accélérer.
Markus Westermann est un jeune commercial allemand travaillant pour une firme informatique américaine, sélectionné pour les travaux de régionalisation du tout dernier logiciel au sein de la maison mère, il a bien l’intention de faire son trou aux USA.
Karl Block est un autrichien, technicien du pétrole à son compte. Il a trouvé du pétrole sur le terrain de la ferme familiale, l’exploite et compte bien révolutionner la planète avec sa méthode de prospection inédite.
Charles W. Taggard est un agent de la CIA, qui s’intéresse beaucoup à l’Arabie Saoudite depuis que le 11/09 a eu des répercussions indirectes catastrophiques sur sa vie.
Trois destins qui vont se croiser et s’entremêler sur fond de pénurie pétrolière.
En effet surexploité, le principal gisement saoudien va être ruiné avant même d’être épuisé.
La méthode de Block est elle fiable ? Permettra-t-elle de trouver du pétrole n’importe où comme il le prétend ?
Pendant que le monde sombre peu à peu dans le chaos par
crainte de la pénurie, Markus va être pris dans un tourbillon qui l’élèvera au
sommet afin de le projeter plus bas que terre. Le rêve américain dans toute sa
splendeur…
Comprenez-moi bien, l’énergie représente la base de tout.
L’énergie technique. Tout repose là-dessus. En fonction de l’énergie dont vous
disposez, vous pouvez extraire, affiner, transformer des matières premières et,
ensuite, transporter dans le monde entier ce que vous avez fabriqué. L’économie
globale est une machine d’une taille et d’une complexité insaisissables. Plus
elle possède d’énergie, plus elle est rapide. L’Etat n’a presque rien à voir
là-dedans.
Sur fond de thriller, Eschbach peint une fresque, avec quelques flashbacks, qui retranscrit efficacement et de manière fluide l’épopée du pétrole et la situation actuelle. Incluant l’influence discrète des services secrets des grandes puissances. Notre civilisation repose entièrement sur le pétrole : nos transports, notre agriculture, nos industries, une simple pénurie suffirait à provoquer son effondrement et à déstabiliser l’ensemble de la planète.
Notre couple de héros entreprenant sauvera-t-il la planète ?
Ce thriller est extrêmement prenant, les personnages
secondaires sont nombreux, bien dépeint, attachants, les rebondissements très nombreux et je n’ai pas décroché du roman pendant trois jours.
Au travers de ce livre, on obtient un résumé de notre
situation actuelle, comment elle pourrait tourner avant de proposer des alternatives
hypothétiques (moment où le roman bascule véritablement dans la
science-fiction), décrivant les évènements tant du point de vue des
responsables que du commun des mortels (le personnage de Dorothéa, la sœur de
Markus, étant exemplaire de ce point de vue) et de décrire le résultat d’un
effondrement.
- Mais pourquoi ? Il reste du pétrole ! Même si les besoins augmentent, ce que je veux bien admettre, il reste une quantité folle de pétrole – des milliards de litres !
- Ce n’est pas la question, s’obstina Anstätter en se
penchant vers lui. Bien sûr, nous n’avons consommé que la moitié environ du
pétrole contenu dans le sol. Mais il s’agissait de la moitié facile à
exploiter. Le pétrole qui reste aujourd’hui est plus profond, plus difficile à
extraire, plus coûteux, il se trouve dans des contrées sauvages, inaccessibles.
Bien sûr qu’on va continuer à extraire du pétrole de la terre. Mais on en
produira moins et il sera plus cher. Vous atteignez le point de non-retour le
jour où il vous faut plus d’énergie pour produire un litre de pétrole que
celui-ci ne peut vous en fournir. A partir de ce moment-là, le pétrole cesse
d’être une source d’énergie.
Crédible, ce roman fait froid dans le dos… Difficile de le lâcher une fois commencer. Les rebondissements sont nombreux et si le roman n’est pas sans défaut, notamment au niveau des rencontres opportunes celles-ci sont suffisamment bien préparées pour qu’elles soient acceptables. Superbe thriller et excellent roman d’anticipation, Panne sèche est incontournable !
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