La Patrouille du temps de Poul Anderson
L’humanité a fini par découvrir le voyage dans le temps,
rapidement des petits malins se sont lancés dans des entreprises de réécriture
de l’histoire. Malheureusement pour eux, cette dernière n’est pas si flexible
et les danelliens, les représentants de la post humanité se trouvant dans un
futur plus que lointain, tiennent à continuer d’exister. La trame historique
doit être préservée ! C’est ainsi que ces derniers fondent la patrouille
du temps, composé d’humains de toutes les époques afin de veiller au grain.
Dans le même ordre d’idées… tiens, imaginons que je revienne empêcher Booth de tuer Lincoln. A moins que je ne prenne des précautions extrêmes, il arriverait sans doute que quelqu’un d’autre tire le coup de feu et que Booth en soit tout de même accusé.
C’est une résistance du temps qui permet de s’y déplacer
sans dommage. Si tu veux changer l’ordre des choses, il faut utiliser une
méthode rigoureuse et se donner beaucoup de mal, d’ordinaire.
Le héros de Poul Anderson est Manse Everard, issu des années cinquante, nous le suivrons à diverses époques essayant toujours de maintenir le statu quo, un choix difficile quand il implique de laisser mourir une connaissance de l’époque ou un collègue.
Ce recueil composé de nouvelles est à chaque l’occasion d’un
voyage dans une ou plusieurs époques, la force de l’auteur étant de rendre ces
dernières bien vivantes, tout en démontrant que l’arrogance et l’assurance des
agents temporels constituent parfois leurs pires ennemies.
Il s’ouvre avec La Patrouille du temps, on assiste
au recrutement d’Everard, à sa formation et sa première mission qui le mènera
de l’Angleterre victorienne à l’époque saxonne pour finir à Londres en plein
blitz. L’enquête est rondement menée mais les faiblesses des agents sont bien
mises en évidence.
Dans Le Grand Roi, Everard part à la recherche d’un collègue historien
et ami disparu. Il découvrira que ce dernier s’est retrouvé piégé
en devant assumer le rôle de Cyrus le Grand, fondateur de l’empire Perse. Un
personnage historique incontournable qu’il n’est pas possible de faire disparaître.
Une mission difficile, des personnages imposants, cette nouvelle est le moment
fort du recueil tant les personnages sont bien campés.
Les chutes de Gibraltar est un texte mineur, un peu macho
aussi, mettant en scène un Everard un peu en retrait et deux de ses collègues
confrontés à un accident des plus banals au cours de vacances à l’époque de la
formation de la méditerranée.
La tentation de revenir en arrière pour prévenir l’irréparable
est toujours présente.
Echec aux Mongols est plus enlevée, un collègue de Manse l’emmène
contrer une mission d’exploration mongole qui a accostée en Amérique. Tant l’évocation
des conséquences possibles, que les personnages et l’assurance des deux agents
sont bien mises en scène.
« Je ne t’en tiens pas rigueur, poursuivit Toktai. En fait, je veux toujours être ton ami. Sinon, je m’arrêterais pendant quelques jours et je te ferai sortir de la gorge tout ce que tu sais. »
Everard s’enflamma : « Tu pourrais essayer ! »
- Et je réussirais, je crois, avec un homme qui est obligé d’emporter
des remèdes contre la douleur. » Toktai eut un sourire cruel.
L’Autre univers termine le recueil, Manse et un collègue
débarque dans l’Amérique des années cinquante pour une virée délassante. Malheureusement
pour eux, quelqu’un en amont vient de réussir à changer le court de l’histoire.
Il ne reconnaisse plus rien dans ce monde à forte influence celtique et leur
futur a disparu, de même que la plupart des autres agents de la patrouille. Une mission désespérée mais qui ne prend véritablement que dans la dernière phase
de sa résolution.
Quoi qu’il en soit La Patrouille du Temps constitue un ensemble de texte plaisant et la plongée dans l’histoire menée par Anderson est prenante. Les hésitations des personnages compréhensibles, face au pouvoir qu'ils ont dans les mains et la certitude de leur faillibilité. Une série à suivre…