img110

La société Bitchun a vaincue la pénurie et la mort. L’être humain est libéré des contingences matérielles, le dernier paria étant assuré d’obtenir nourriture, immortalité par clonage et accès au réseau. Il est aussi possible en cas de lassitude de se mettre en sommeil pour des durées quasi illimitée, l’instrument idéal pour l’exploration spatiale d’ailleurs.

Chaque individu est connecté en permanence et l’argent a été remplacée par le whuffie : l’estime que vous porte les autres. La position sociale dépend donc de l’importance d’un individu, des services qu’il rend à la communauté. Mais quels services peut on rendre dans une société sans problème matériel ? Bienvenue dans l’âge du loisir ! Thèse, symphonie, créations techniques chacun est libre de trouver sa voie… ou pas.

Le narrateur de cette histoire est un quadra apparent de cent trente cinq ans, il a connu l’avant Bitchun et a réalisé son rêve : vivre et travailler à Disney World, plus particulièrement sur la Maison Hantée. 

Las Debra, une arriviste brillante ayant créé le « Mickey Village » de Pekin, débarque en Floride avec ses idées bien arrêtées quant à ce qui doit constituer une attraction. Dans le même temps, Dan, un ami, arrive à son tour. Il a contribué à convertir la planète au Bitchun et a finalement épuisé sa réserve de whuffie. Il désire mourir mais en pleine gloire. Aux côtés du narrateur et de sa compagne il luttera pour préserver une certaine idée de l’attraction. Bien vite les coups tordus pleuvent. 

Dans une société délivré de toute contrainte, la futilité prédomine et Doctorow illustre à merveille ce propos en dépeignant un monde où tout le monde a accès à largement plus que le minimum vital mais où les néo parias n’ont pas le droit de prendre l’ascenseur…

Efficace et cynique, ce roman est plus intéressant pour l’univers qu’il dépeint que pour l’intrigue elle-même et les enjeux dans la balance. Un modèle de société à la fois enchanteur et glaçant, difficile de se prononcer mais sa visite vaut le détour. 

Les guerres Bitchun sont rares. Bien avant d’essayer de s’emparer de quoi que ce soit, on envisage toutes les possibilités pour s’assurer que les adhocs qu’on supplante n’ont aucune chance de riposter.

Pour ces derniers, il ne reste qu’à se laisser gentiment faire en sauvant un peu de réputation… riposter ne manquerait pas de réduire à néant jusqu’à cette maigre récompense.

Personne n’a intérêt à se défendre… ce pour quoi se bat tout ce petit monde encore moins.