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Les lectures d'Efelle
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25 septembre 2008

L’Accroissement mathématique du plaisir de Catherine Dufour

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Et voici enfin le recueil de nouvelles de Catherine Dufour, au sommaire vingt nouvelles dont sept inédites. Un programme très varié allant de la réécriture de mythe de manière jubilatoire à de jolis textes mélancoliques.
 

Il mit des étiquettes sur le fleuve d’eau savonneuse qui ballottait ses pensées (Psychose, Traumatisme) et quand il en vint à la conclusion qu’il tournait au serial killer, il rigola pour la première fois depuis des mois. 

Le recueil s’ouvre Je ne suis pas une légende, une réécriture, made in France, du roman de Matheson. A la différence de ce dernier (faudra que le sorte de ma pile pour comparer tiens) , le protagoniste est un type ordinaire tendance loser, l’anti-héros parfait. Quand l’humanité est remplacée par des vampires et qu’il se retrouve seul au monde, il sombre. Un roman jubilatoire qui dynamite joyeusement, et avec une pointe de cynisme, le mythe du héros avec un grand H.
 

Il eut une fois, une seule, le courage d’aller voir. Dans une cave. Après tout, nécrophile, c’était bien aussi pire que serial killer et il mourait d’envie de toucher de la chair. Même froide. Il voulait trouver une femme. Ou mieux, une petite fille. Pédonécrophile, ça c’était de l’aventure. Il se demanda, en descendant marche après marche un escalier noir de salpêtre, s’il la violerait. Il n’avait jamais fait ça. Mais il avait essayé tous les trucs de tous les sex shops, ceux qu’on enfile et ceux qui s’enfilent, et lui fallait autre chose.
 

Suis, Le sourire cruel des trois petits cochons, que de passe t il quand les objets de vos rêves sont introduits dans le monde réel et comment les stopper. Un texte très agréable avec une chute rigolote, encore plus d’ailleurs à la lecture de la postface. 

L’Immaculée conception, bouscule l’imagerie niaise qui entoure la grossesse. Les deux dont j’ai été témoin m’avaient donné un avant goût (de gerbe et de sang) mais Catherine Dufour va encore plus loin. Jamais plus je ne pourrai regarder une illustration avec une femme enceinte souriante sans penser à cette nouvelle. Tout simplement excellent.
 

Vergiss mein nicht et La Lumière des Elfes sont des textes mélancoliques très agréables. L’un sur les changements apportés par l’urbanisation et l’industrialisation de notre environnement, l’autre sur la nature du génie artistique. 

Rhume des foins,  Le jardin de Charlith, Mater Clamorosum et Confession d’un mort (hommage à Poe pour ce dernier) continuent dans la veine mélancolique, avec une petite pointe de fantastique. Tous sont très agréables et se lisent tout seul. 

Valaam narre une excursion en Russie pour faire main basse sur une icône qui ne se déroulera pas exactement comme prévu. Point de fantastique ou de SF mais une évocation de la Russie des années 90.

 

Le Cygne de Bukowski narre un voyage aux Etats-Unis, trajet en voiture escorté par des champs de maïs à perte de vue, YMCA miteux. Ne connaissant pas Bukowski, je pense être quelque peu passé à côté de ce texte.
 

Kurt Cobain contre Dr. No est sympathique, une manière originale de faire la biographie du chanteur de Nirvana.
 

Une troll d’histoire, de pure fantasy avec des trolls apprentis pirates et une sirène, ne pas laissé une grande impression, ça se laisse lire sans plus. C’est à mon avis le point faible du recueil.
 

Dans La Perruque du juge et Le Poème au carré, c’est respectivement Peter Pan et Alice aux Pays des Merveilles qui sont évoqués. Le premier est jugé par un tribunal et condamné de manière assez jubilatoire tandis que la seconde entame un nouveau voyage encore plus halluciné que les précédents.
 

Le recueil se concluent sur d’excellent texte de SF : L’Accroissement mathématique du plaisir, La liste des souffrances autorisées, L’Amour au temps de l’hormonothérapie génique, Un soleil fauve sur l’oreiller et Mémoires mortes.

Un point de vue sombre sur notre futur et ses dérives possibles mais surtout cinq excellents textes, parfois sombres ou simplement ironique pour deux d’entre eux (La liste des souffrances et le soleil fauve), indispensables !
 

Catherine Dufour signe ici un excellent recueil avec donc une seule petite fausse note mais surtout beaucoup de superbes textes et ce quelque soit le genre où elle s’essaye. J’en suis définitivement un inconditionnel. 

Merci M’dame.
 

Je pense aux tableaux de Settbon, que j’ai vus et qui sont perdus, et ça me coupe la respiration. Je pense aux autres qui sont perdus et que je n’ai même pas vus, et je n’arrive pas à seulement mesurer l’ampleur de ce qui me manque – des constellations, des univers entiers !

Combien de fois la beauté du monde a-t-elle tourné en eau au fond d’une cave ? Je n’en sais rien mais je sens derrière mon front un poids très noir, depuis ce soir où j’ai appris que la lumière des elfes qui nous avait été donnée ne brille plus nulle part.

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Commentaires
G
Pareil !
N
JE LE VEUUUUUUUUUUX !!!<br /> <br /> IL ME LE FOOOOOOOOOOOOOOO !!!<br /> <br /> (hystérique, moi ? jamais !)
R
A propos du cygne de Bukowski, ca m'a surtout donné envie de lire des bouquins de celui-ci, et ca a eu le même effet sur un autre lecteur. C'est donc un hommage réussi.
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