Le père Porcher de Terry Pratchett
« Nous aurons besoin de savoir où, quand et bien sûr
qui », dit-il au bout d’un moment.
Le capuchon opina. Le lieu ne figure sur aucune carte. Nous
aimerions que le travail soit terminé avant une semaine. C’est primordial.
Quant à qui…
Un dessin apparut sur le bureau de Sédatiphe tandis que lui
arrivaient dans la tête les mots : Appelons-le « le Gros ».
« C’est une blague ? » fit Sédatiphe.
Nous ne blaguons jamais.
Non, ça, c’est sûr, se dit Sédatiphe. Ses doigts tambourinèrent
sur le bureau.
« Beaucoup diraient que ce… cette personne n’existe
pas », fit-il.
Il existe forcément. Sinon, comment avez-vous pu reconnaître
aussi facilement son portrait ? Et des tas de gens entretiennent une
correspondance avec lui.
« Ben, oui, évidemment, en un certain sens il
existe… »
En un certain sens tout existe. C’est une interruption
d’existence qui nous intéresse présentement.
Je me rappellerai longtemps Noël dernier car notre fille
nous avait fait un plan digne du dieu de la gueule de bois et parce que j’avais
enregistré (et regardé dans les jours suivants) l’adaptation télévisée du Père
Porcher de Pratchett.
Etant loin d’avoir lu tout Pratchett, il m’a fallut faire
des recherches pour trouver le livre présentant le personnage de Suzanne
(Accrocs du Roc chroniqué récemment) avant de me lancer dans Le père Porcher.
Pratchett s’empare donc du mythe de Noël et le met à sa
sauce. Les contrôleurs (les connards en gris selon Albert) veulent en
finir avec lui et prennent un contrat sur sa tête auprès de la guilde des
Assassins. Sédatiphe confie le dossier à un membre dont il aimerait
bien se débarrasser : le psychopathe dément : Leureduthé. Aussi
improbable que soit la mission, il trouve un moyen de l’accomplir.
Constatant la situation, la Mort prend la relève au pied
levé et implique sournoisement Suzanne. Tandis qu’il distribue des présents et
découvre peu à peu la nature contradictoire de cette fête, Suzanne en apprendra
la sombre genèse avant de se mettre sur la piste de l’assassin.
Pendant ce temps à l’Université de l’Invisible, le manque de
croyance crée par la disparition du père Porcher est comblé par toutes les
divinités farfelues probables pouvant passer dans l’esprit des mages.
Ce coup ci la recette de Pratchett fonctionne pleinement,
les idées développées sont intéressantes qu’elles soient sombres, tendres ou
rigolotes. Un bon épisode des annales du Disque Monde.
- J’ai rien dit parce qu’il fallait assurer le boulot, mais
vous pouvez pas continuer comme ça. A quoi ça rime, un dieu qui donne tout ce
qu’on veut ?
- AUCUNE IDEE.
- C’est l’espoir qui compte. Une part importante de la foi,
ça l’espoir. Donnez aujourd’hui d’la confiture aux gens, et ils s’attablent
pour la manger. Mais
promettez-leur d’la confiture pour demain… et vous les faites cavaler jusqu’à
la fin de leurs jours.
- ET TU VEUX DIRE QU’A CAUSE DE CA LES PAUVRES REVOIVENT DES
CADEAUX SANS VALEUR ET LES RICHES DES CADEAUX DE PRIX ?
- ‘xact, fit Albert. C’est le sens de la fête du Porcher.