Ange mémoire de Robert Charles Wilson
C’est suite à une chronique de Nébal (encore) que j’ai
acheté Ange Mémoire, second roman de Wilson. Un roman un peu dans le même veine
que La Cabane de l’Aiguilleur, une intrigue plaisante sans être pour autant
trépidante mais une superbe galerie de personnage dans un univers cruel.
Le futur évoqué par Wilson n’est pas très reluisant mais il ne s’attarde pas
dessus, la découverte de roche extraterrestre enfouie dans la jungle
amazonienne provoque une nouvelle ruée vers l’or et un conflit local où toutes
les alliances trempent leurs sales pattes. Après bien des horreurs la situation
redevient stable, les onirolithes sont étudiées, copiées et écoulées au marché
noir où elles font office de drogues douces.
Ces pierres bien étranges permettent de raviver les
souvenirs ou de partager celles de la civilisation extraterrestre, baptisées
les Exotiques, qui les a larguées sur Terre. Un nouveau champ scientifique
concernant le stockage des données à conquérir…
Cela avait comme implication évidente que le contrôle des
onirolithes permettait celui de l’économie planétaire et de l’avenir politique
du monde. Dans un siècle ayant débuté sans tambour ni trompette vingt ans
auparavant, la découverte fut interprétée comme la marque, sinon davantage,
d’un véritable changement : la Nouvelle Reconstruction,le remaniement industriel d’une économie mondiale. Pour la première fois depuis
les débats écologiques, les grandes puissances s’intéressèrent à l’arrière-pays
brésilien.
Cruz Wexler est un ancien scientifique, viré de la recherche
pour ses propos dérangeants. Gourou new age des onirolithes, régnant sur une
poignée d’artistes issues des bidons villes, il est bien décidé de mettre la
main sur un exemplaire de la nouvelle variété d’onirolithes qui vient
d’émerger de la boue brésilienne.
Byron Ostler est un petit trafiquant de pierres
extraterrestres mais aussi un vétéran du conflit qui a embrasé les environs du
site d’extraction avec Teresa Rafael, une artiste, il est chargé d’aller récupérer
une de ces nouvelles pierres.
Teresa a oublié son passé suite à un incendie cataclysmique
qui a emporté le taudis flottant où elle a passée son enfance. Les onirolithes
et Byron lui ont permis de sortir de l’enfer des drogues dures. Elle veut cette
nouvelle pierre.
Ray Keller est un ancien compagnon d’arme de Byron, alors
que Byron a abandonné son statut d’Ange pour retrouver le monde, Keller
traumatisé par une expérience sur le champ de bataille en est devenu un pour
bénéficier du détachement zen propre à cette caste.
Les Anges sont des individus ayant subits le câblage de leur
sens et doté d’une boite noire. Ils sont là pour fournir toutes les
informations nécessaires aux commandements des armées, ce statut de témoin
couplé à une formation psychologique adéquat leur confère un état de
détachement clinique de leurs environnements.
Contacté par Byron qui nourri quelques doutes quant à leur
mission, Keller se joint à l’expédition.
Ce qu’ils ignorent c’est qu’une agence gouvernementale a
lancée sur leurs traces un autre vétéran des conflits brésiliens, Oberg,
nourrissant une animosité personnelle aux onirolithes.
Cet individu est chargé d’empêcher la conclusion de la
transaction.
Hanté par le souvenir, il resta allongé dans le noir. Cela
n’était pas naturel, c’était extraterrestre, un stratagème de l’esprit. Le
passé avait disparu, les morts étaient morts, ils ne parlaient pas, et tout le
monde mourait, Oberg mourrait lui aussi un jour, et il ne dirait alors plus
rien, cela serait, comme il se devait, le vaste et accueillant océan de
l’oubli. Cela rendait la vie supportable. C’était sacré. Il ne fallait pas y
toucher.
Ange mémoire n’est pas un thriller et le cyberpunk y est
très léger, par contre la poignée de personnages y est très bien traitée, grâce
notamment aux multiples flashbacks, le thème souvenir et de l’oubli est de fait bien amené.
Ange mémoire est un très bon moment qui porte en lui les
prémisses des Chronolithes ou de Mysterium.