La Vénus anatomique de Xavier Mauméjean
Du temps de mes études, à Reims ou à Leyden, j’ai ouvert bien des gens. Cela, contre l’avis des autorités qui blâmaient l’autopsie. Au gré des batailles, l’interdit saute, et ce même pouvoir se renie. Lui qui tient pour profanation l’examen interne à fin de connaissance, réclame de ses compatriotes qu’ils se fassent déchirer les entrailles.
Le projet doit être mené à bien à Berlin au terme d’une
compétition internationale à l’initiative de Frédéric II de Prusse.
La première partie concerne la constitution de l’équipe de
savants français et leur trajet jusqu’à Berlin pourchassé par les agents de la
reine, bigots cherchant à entraver à tout prix ce projet, le projet lui-même
occupe la seconde partie dans un Berlin surréaliste en proie à une architecture
démente et à des expérimentations délirantes mais hélas crédibles en ce milieu
du XVIIIe siècle.
Xavier Mauméjean multiplie les clins d’œil et les références
propres à cette période et va même en chercher quelques autres assez
inattendues mais totalement dans le contexte.
Le texte est remarquablement maîtrisé et l’hommage au
Frankestein de Mary Shelley très élégant.
Une part d’uchronie, de fantastique ou de science fiction,
humour et horreur, action et réflexion
en parts égales. Un roman difficilement qualifiable et fourmillant d’idées mais
surtout un bon moment.
Geneviève s’empara de la bouteille, à la façon d’un homme,
ce qui me rappela au présent :
- Qui êtes vous, chevalier ?
- Une émanation du roi, ce que l’on appelle éon.
- Qui commande aux Mousquetaires gris.
- Non point moi, mais Maupertuis. L’actuel baron est lié aux
mousquetaires. Depuis sa vingtième année, quand il obtint le brevet de
lieutenant au régiment de la Roche-Guyon.
Mais surtout, son aïeul avait pris le commandement de la
compagnie, après la mort de Charles de Batz, seigneur d’Artagnan. Décapité par
un boulet, au siège de Maastricht.
- Maupertuis prit la tête du corps. Le mot est juste.
Geneviève ne daigna pas sourire, et je ne pus l’en blâmer.