Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les lectures d'Efelle
Derniers commentaires
3 juin 2008

Quatre chemins de pardon d’Ursula K. Le Guin

img022

Quatre chemins de pardon, quatre nouvelles sur la révolution d’Yeowe et Werel dans le cadre du cycle de l’Ekumen.
Werel est une planète où sévit un régime mêlant esclavage et misogyne. Les femmes sont cloîtrées, les esclaves traités de mobiliers et les esclaves de sexe féminin sont encore plus à plaindre. Yeowe sa colonie n’est qu’une vaste exploitation tenue d’une main de fer. Ces textes narrent les luttes pour la liberté des esclaves puis des femmes. 

Mais je ne pense pas que nous puissions nous libérer toute seules, ni ne libérer que nous seules. Il faut que les choses changent. Les hommes se tiennent pour les patrons. Ils doivent cesser. S’il est une chose que nous avons apprise durant toutes ces années, c’est qu’on ne change pas un esprit à coups de fusil. Tuez le patron, vous deviendrez le patron. C’est la façon de penser qu’il faut changer. L’esprit des esclaves et l’esprit des patrons.
 

A l’exception de « Trahisons » ces textes sont violents et sombres on retrouve le désespoir des autochtones de « Le nom du monde est forêt ».

« Trahisons » le premier texte met en scène deux vieillards retirés du monde,  anciens esclaves, vétérans de la révolution de Yeowe. Une enseignante et l’ancien chef de la révolution écarté pour corruption. Un texte puissant et amer.


« Jour de pardon » met en évidence de manière efficace la place réservée aux femmes dans la société werelienne par l’intermédiaire de Solly, diplomate de l’Ekumen. Un texte efficace mais finalement assez convenu sans être désagréable. 

« Un homme du peuple » et « Libération d’une femme » constituent le plus gros morceau de ce recueil. Le premier nous présente la société de Hain puis nous jette dans la société d’Yeowe post révolutionnaire et embourbée dans les traditions misogynes. Tandis que le second narre l’épopée de Rakam des cantonnements féminins des exploitations de Werel à la société en mutation de Yeowe : sans doute le texte le plus dur mais aussi le plus porteur d’espoir. 

Avant la guerre de Libération, les villes de Yeowe abritaient les mobiliers des corporations. Ils louaient leur liberté, dirigeaient leurs propres écoles, leurs hôpitaux et de nombreux programmes de formation. Dans l’ancienne capitale, il y avait même une université. Bien sûr, les corporations contrôlaient toutes les informations, surveillaient tout, censuraient l’enseignement et les publications, et ne cherchaient qu’à augmenter leurs bénéfices. Mais, à l’intérieur de ces limites étroites, les mobiliers étaient libres d’utiliser à leur gré l’information à laquelle ils avaient accès. Sur Yeowe, les gens des villes attachaient beaucoup d’importance à l’éducation.
Durant les trente années de guerre, tout ce système d’instruction et d’enseignement s’était effondré. Toute une génération avait grandi sans rien apprendre que violence, méfiance, famine et maladie. La directrice de mon école me dit : « Nos enfants sont illettrés, ignorants. Est-il donc étonnant que les chefs des plantations aient pris la relève des patrons et des corporations ? Qui les en aurait empêchés ? »
Ces hommes et ces femmes croyaient de toutes leurs forces que seule l’éducation mènerait à  la liberté. Ils étaient toujours en pleine guerre de Libération.

Un recueil puissant, dur, sans complaisance mais jamais excessif non plus, loin de tout manichéisme. On retrouve ici une bonne part de l’intensité « Des dépossédés ».  Du très grand Le Guin.

Publicité
Commentaires
Les lectures d'Efelle
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 397 005
Publicité