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Les lectures d'Efelle
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19 avril 2008

Quinzinzinzili de Régis Messac

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Encore une lecture dut à Nébal. Régis Messac (1893 – 1945) est un précurseur français de la science fiction, marqué par la première guerre mondiale, il est assez pessimiste quant à l’avenir.
Quinzinzinzili a été écrit en 1935 et décrit rapidement la fin du monde suite à une seconde guerre mondiale apocalyptique : l’humanité est rayée de la carte suite à une modification temporaire de la composition de l’air.

Gérard Dumaurier est un dilettante cultivé en charge de l’éducation des deux enfants d’un parvenu anglo-saxon. L’un des deux enfants étant atteint de tuberculose, Dumaurier doit s’installer quelque temps en altitude avec les enfants.
Quand la catastrophe se propage en France, ce petit monde participait à une visite d’un ensemble de grotte avec un petit groupe assimilable aux scouts.
Piégé sous terre, ils survivront à l’apocalypse. Quelques temps plus tard, la surface redevient habitable et le monde s’offre aux derniers hommes. Un adulte et une dizaine d’enfants de nationalités différentes dont une fille. 

Ma civilisation - l’ancienne, veux-je dire – j’en vivais, j’en usais, j’en profitais sans la connaître. Je prenais le train, et je savais trouver le guichet où il fallait aller pour prendre mon billet, mais c’est tout ce que je savais. Je serais bien incapable de construire une locomotive, ni de dire au juste comment elle fonctionne, ni même d’en conduire une, si par hasard j’en retrouvais une en état de marche. Idem pour l’auto, quoique je sache conduire, il est vrai ; mais je serais incapable d’effectuer la réparation la plus élémentaire. Les hommes de mon temps poussaient des leviers et tournaient des commutateurs, mais ne savaient rien de ce qu’il y avait au bout des leviers ou derrière les commutateurs. Maintenant, toute la machinerie a sauté en l’air. Anéanties, mes machines. Et l’homme de l’âge des machines est tout ce qu’il y a de plus ignorant des machines. Est-ce moi qui pourrais reconstituer la plus simple des mécaniques qui faisaient jadis marcher ma civilisation ? Non, quoique j’ai su scander des vers de Virgile et traduit Shakespeare en vers français…
 

Déprimé, catatonique, Dumaurier ne s’occupera pas des enfants pendant un temps et ces derniers construiront alors leur propre société, pétrie de superstitions et d’ignorance.
Déformant la prière latine du notre père, ils se créeront un dieu : Quinzinzinzili (Qui es in coelis). Responsable de toute la magie du monde jusqu’à la flamme jaillissant d’un briquet.
Désespéré et désabusé, Dumaurier sera le témoin cynique de l’évolution de cette nouvelle société. 

Lanroubin s’est redressé et pousse un long cri furieux. Un cri de vainqueur qui résonne sous la grotte.
Il peut être fier, ce galopin à la crinière en torche. Ah oui, c’est un exploit mémorable. Cette arme grossière et primitive, ce bloc de quartz, je vois que ce sera l’ancêtre d’une longue série d’armes : haches, massues, boomerangs… et puis les arcs, les flèches, et plus tard les catapultes, et enfin les canons, les tanks, les bombes.
Lanroubin vient de réinventer  la guerre. Il ne lui a pas fallu longtemps. L’âge d’or a été court.
C’est un génie, ce Lanroubin. Désormais l’influence de Manibal est en déclin. La science a triomphé de la force.

Ah, ah, ah, ah ! 

Roman amer, acide et très efficace. Une excellente interrogation sur la nature de notre civilisation et ses bases. Le récit est écrit à la manière d’un journal à moins qu’il ne s’agisse d’un cahier remis à un fou dans sa cellule comme cela est insinué au début du roman.
A lire ! 

Oh, et puis…
Qu’est-ce que ça peut me faire ?
M’en fous. Quinzinzinzili !
Quinzinzinzili !

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Commentaires
E
Merci c'est bon à savoir.
V
Après Quinzinzinzili, j'ai enchaîné avec la cité des asphyxiés. Beaucoup plus long, trop souvent, parfois très vieilli, mais avec des fulgurances de génie. Au final, Quinzinzinzili est nettement supérieur.
E
Certes merci Ubik mais malheureusement je suis passé au travers des mailles de son filet pour tomber dans le tiens. ;)
N
Tout à fait d'accord, bien sûr.<br /> <br /> Par contre, c'est surtout le camarade Ubik qu'il faut remercier ici, il a fait une active propagande pour le livre comme pour l'auteur, et il a bien raison, mazette.
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