Le festival des macchabées d’André Héléna
« Ils avaient cet air vache de brutes obstinées, prêtes
à tout et méfiantes, ayant toujours l’impression qu’on se fout d’eux, avec un
regard traqué, qui tournait autour de la pièce et se posait sur tout le monde sans
voir personne. Mais le simple effleurement de ces regards glacés suffisait à
serrer les tripes à chaque mec. »
Suite directe « Des Salauds ont la vie », ce roman
est bien nommé : les morts pleuvent.
L’histoire repart quelques mois après la fin du volume
précédent mais le style a quelque peu changé : l’action est omniprésente
avec moult rebondissements pas toujours très vraisemblables. Héléna semble en
être aussi conscient avec les réflexions suivantes de Maurice :
"C'était à croire que le Bon Dieu se foutait de nous et nous prenait pour des ludions. Il nous plongeait tout à tour et nous faisais remonter. Un jeu du chat et de la souris, une vraie douche écossaise. Quelque jour, le système se détraquerait et alors on se mouillerait pour de bon. "
« C’est à croire, du reste, qu’il y avait un bon Dieu
pour nous et qu’il nous avait délégué son ange gardien le plus dégourdi, parce
qu’il y a peu de mecs, faut bien le dire, qui auraient eu assez de pot pour
passer à travers tous les trucs à travers lesquels on était passés, notamment
la fusillade de Lyon, pour ne citer que ça. »
Ce livre n’en reste pas moins agréable à lire grâce à sa
troisième partie qui renoue avec les ambiances du premier tome et offre une
histoire plus intéressante avec une esquisse de la France de la libération.
Un peu moins bien écrit, des ficelles narratives un peu
grossières et pas mal de deus ex machina. Un livre vite lu, qui ne marquera le
lecteur que par son extrême violence, dont on pourra se passer contrairement au
très bon roman précédent.